D'un jour à l'autre, feuilleton du monde (6)
En ouverture, photo de Regina Schmeken
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
ENCORE UNE BELLE NUIT AU PAYS DES DROITS DE L'HOMME
Tard dans la nuit je reçois une alerte, les réfugiés vont se faire rafler dans le 19ème arrondissement de Paris.
Ni une ni 2 nous nous rendons sur place pour empêcher cette nouvelle persécution de la police.
Des personnes qui n'ont rien, qui dorment dans des tentes de fortunes à même le sol, qui se retrouvent gazés et matraqués par des CRS en pleine nuit. Pourquoi? Pour qu'ils sachent bien, ces gens, qu'ils ne sont pas les bienvenus et que la france préférerait qu'ils disparaissent plutôt que de laisser visible leur détresse dans les rues de Paris ...
Malgré une resistance pacifique, nous nous faisons gazer à 20cm, par des espèces de robots en uniformes, des bons ptits soldats du gouvernement facho qui se sent de plus en plus a l'aise pour persécuter toute forme de dignité humaine.
JE VOIS
Ces flics violents qui volent des tentes et des duvets à des mineurs pendant qu'il fait -4° et qu'il pleut.
Ces gamins laissés sur le trottoir, sommés de disparaître.
Ces flics qui se marrent en nous gazant, c'est jouissif la répression...
Ces gens solidaires des réfugiés qui sont traités comme des criminels pendant que les racailles de ce pays pètent dans la soie de leurs fauteuils de bureaucrates corrompus.
Nous amenons des réfugiés à la maison puisque l'état ne leur propose rien d'autre que la violence.
Une douche, un lit, un thé, une nuit au chaud, des discussions sincères.
C'est peu. Mais c'est mon mieux.
Et il n'y a rien de remarquable là-dedans, c'est juste NORMAL.
Nous les aiderons quoiqu'il arrive.
Foutez-moi en taule pour délit de compassion, de raison, de bon sens.
Je préfère l'illégalité plutôt que l'immoralité.
La misère du monde, nous la porterons sur nos épaules puisque vous savez seulement la piétiner à coups de bottes.
Lucie Hautelin
CIRCULEZ !
Ce qui est extraordinaire dans les commentaires que la révélation par Médecins Sans Frontières que les policiers confisquaient à Paris leurs couvertures et duvets aux migrants qui vivent dans les rues (pour des raisons, avons-nous appris, d'hygiène... soit, mais dans ce cas, on les remplace par des couvertures propres, non ?) a fait naître par milliers, c'est l'extraordinaire naïveté de gens qui écrivent que "non, c'est pas possible, des policiers ne feraient jamais ça, c'est une calomnie, une rumeur lancée par MSF pour booster sa collecte de fonds (!), la police, elle aide les gens etc)".
Mais dans quel monde vivent-ils ?
Et il est vrai qu'il y a deux mondes.
L'un où ça va bien (voire très bien).
L'autre où ça ne va pas. Pas du tout.
L'objet de ce genre de comportement de la police est à peine dissimulé, et lié à la coexistence forcée, en ville, de ces deux mondes, dont l'un ne veut pas voir l'autre. Ces réfugiés, SDF, migrants, Roms, familles entières, n'ont "pas vocation" à être en ville, voyants, gênants. Il convient donc de les empêcher de "s'installer". Nulle part. Avec leurs maigres affaires. N'ayant plus rien, eux qui n'ont pour beaucoup de français simplement "pas lieu d'être", sont plus facilement déplaçables à volonté. L'objet de cette répression mesquine, légère d'apparence mais implacable - et vous comprendrez tout de suite qu'on ait recours à la police pour le remplir - c'est de faire "circuler" sans cesse, d'un point à l'autre, les gens qu'on condamne à vivre dans les rues.
NOS POLICIERS NE FERAIENT PAS UNE CHOSE PAREILLE
Aux sceptiques qui pensent que MSF exagère, que notre police républicaine et bienveillante ne pourrait jamais s'abaisser à s'en prendre à des malheureux qui n'ont rien, nous conseillons la lecture de cet article sur Calais que nous avions publié il y a deux mois. Les gens que vous voyez sur la photo ne dansent pas, ce sont des réfugiés attrapés par la police près du port, qui montrent à un photographe comment les CRS leur confisquent leurs chaussures avant de leur dire de "retourner dans la jungle", à une heure de marche. Dans le but naturellement de les décourager de revenir.
Le quotidien anglais The Independent nous apprend que la police française s'amuse, à Calais (cela arrive, d'après les témoins interrogés par le journal, "une ou deux fois par semaine"), à confisquer les chaussures des réfugiés attrapés près du port pour les laisser "retourner dans leur jungle", à une heure, une heure et demi de marche de là pieds nus). Les réfugiés rapportent aussi des "confiscations" ou destructions de téléphones. Pratiques qui se sont multipliées ces dernières semaines, au point que certains résidents de la jungle ne sortiraient plus qu'en sandales, de peur de perdre le bien le plus précieux de celui qui n'a rien : des chaussures qui lui permettent de se déplacer. Autre bien naturellement précieux : le téléphone, seul lien avec le monde et l'information de qui n'a ni toit, ni pays. Ces informations, affirme Grainne Mellon, membre du "Bar Human Rights Committee" (organisation d'avocats pour les droits de l'homme) et avocate, ont été corroborées par des rapports provenant de différentes sources.
No comment.
Il est donc naturel qu'un député travailliste anglais, Claude Moraes, président du European Parliament’s Civil Liberties, Justice and Home Affairs Committee, ait exprimé sa vive préoccupation devant ce qu'il décrit (à notre avis très justement) comme une politique d'humiliation absolument inhumaine. Interrogée, la police française répond qu'elle n'a jamais donné de tels ordres (on s'en doute, tout cela se passe dans la zone grise du traitement des migrants au jour le jour, à l'appréciation des policiers eux-mêmes, et ne sera jamais écrit noir sur blanc). Qu'elle nous permette de nous en inquiéter quand même.
L'Autre Quotidien
ET VOUS? QUI ÊTES-VOUS ?
"Parce que le prix de la liberté peut coûter jusqu’à l’âme.
Je suis sans papiers.
Je suis le fils d’un sans papiers.
Je suis la fille sans papiers.
Je suis la mère de famille sans papiers.
Je suis le père de famille sans papiers.
Je suis l’âme vivante des sans papiers qui ont péri dans le bleu et dans le désert.
Je suis le nombre de balles tirées en Afrique.
Je suis le péril dans le bleu et dans le Sahara.
Je suis le nombre de réfugiés en Europe.
Je suis la voix des sans papiers qui parle à la place de l’autre sans papiers.
Je suis la fille sans papiers qui se faisait violer dans son village par des militaires parce que j’étais trop belle et mon père trop pauvre pour défendre nos droits devant le gouvernement pourri de mon pays.
Je suis le cultivateur sans papiers qui a fui son village parce qu’il y avait trop d’hostilités.
Je suis le fils d’un sans papiers mais élève brillant qui s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’avenir pour lui dans un pays où règne la dictature.
Je suis le fils d’un sans papiers qui était toujours sous estimé, insulté, méprisé puis expulsé du village parce qu’il était sans papiers dans un pays qui n’était pas le nôtre.
Je suis la mère de famille sans papiers parce que mon mari a reçu une balle dans la tête pour défendre l’honneur de ses enfants et de son village.
Je suis le père de famille sans papiers parce que j’ai préféré sacrifier mes enfants et mes deux femmes dans le bleu plutôt que de les laisser mourir comme des chiens sous vos balles.
Je suis l’âme vivante de tous les sans papiers qui ont péri dans le bleu et dans le Sahara parce que mon beau village s’est transformé en enfer et qu’il fallait partir vivre une autre vie ailleurs qu’ici.
Je suis le petit enfant qui n’a pas eu la chance d’aller à l’école, qui ne parle pas mais qui dessine des scènes de guerre qui traduisent ses maux.
Je suis la voix de toute une famille, toi, moi, lui, l’autre.
Je suis la voix sans papiers qui parle pour traduire les maux et montrer le visage des exilés.
Je suis la preuve vivante de toutes vos blessures, vos peines, vos pluies de balles, vos violences, vos tortures, vos crimes, vos larmes, vos mépris, vos pensées, vos souhaits, vos rêves.
Je suis le résultat de la misère, du racisme, des violences, des crimes et de la terreur infligés aux autres.
Je suis mille fois tous
Sans papiers, je ne suis pas une menace pour les autres.
Et vous, qui êtes-vous ? "
Mohammed Nour-Wanah
1. UNE ANARCHISTE ARRÊTÉE AVEC SON FILS DE SIX ANS À ATHÈNES. LE GOUVERNEMENT REFUSE DE CONFIER L'ENFANT A SA GRAND-MÈRE, ET EMPÊCHE SA FAMILLE ET SON AVOCAT DE LE VOIR. SES DEUX PARENTS COMMENCENT UNE GRÈVE DE LA FAIM.
SOLIDARITÉ AVEC LES ANARCHISTES POLA ROUPA ET NIKOS MAZIOTIS, PRISONNIERS POLITIQUES EN GRÈVE DE LA FAIM ET DE LA SOIF À ATHÈNES
Pola était recherchée depuis quatre ans pour des attaques contre le bureau du FMI en Grèce, l’ambassade américaine, l’annexe de la BCE, le bureau de l’Agence France Presse et le siège de la banque nationale de Grèce (entre autres), avec l’organisation anarchiste Lutte Révolutionnaire. Elle vivait dans la clandestinité. Elle a été arrêtée avant-hier par la police grecque dans une maison au sud d’Athènes, avec son fils et trois autres personnes.
Son compagnon Nikos était déjà en prison de longue date. Il est, depuis plusieurs années, l’un des symboles de la résistance révolutionnaire en Grèce (avec d’autres prisonniers politiques comme Nikos Romanos) et de la violence de l’État grec à l’égard de ses ennemis : mauvais traitement, torture, harcèlement, chantage sur les familles, isolement, etc.
Tsipras ou pas Tsipras : rien n’a changé dans ce domaine. Son soutien bidon à Nikos Romanos pendant sa grève de la faim (novembre-décembre 2014), peu avant l’élection du 25 janvier 2015, a finalement abouti à la décision de ne pas libérer les prisonniers politiques. Le prétexte courant 2015 ? Tsipras disait qu’une amnistie conduirait à la sortie de prison des néo-nazis responsables de l’assassinat de Pavlos Fyssas. Sauf que, aujourd’hui, les révolutionnaires anarchistes sont encore en prison alors que les néo-nazis sont presque tous sortis.
En réaction au refus de l’État grec de confier leur petit garçon, prénommé Lambros, à la famille de Pola, Nikos Maziotis et Pola Roupa ont entamé une grève de la faim et de la soif.
Voici la déclaration de Pola :
« — Je suis et serai jusqu’à ma mort l’ennemi sans repentance du système. Nos ennemis ont décidé de placer mon enfant au milieu de cette guerre et de l’utiliser en représailles pour se venger. Ils ont enlevé notre enfant et je ne sais pas où il se trouve depuis qu’ils nous ont arrêtés. Nous sommes en guerre. C’est un fait. Cependant, faire la guerre à mon enfant en refusant de me l’amener, que je le voie et en refusant de le confier immédiatement à ma famille, en menaçant de le confier à un organisme, constitue le fait le plus méprisable de cette guerre. Ceux qui se trouvent dans les mécanismes étatiques sont des ordures, car ils combattent un enfant de six ans. Par conséquent, je commence immédiatement une grève de la faim et de la soif pour que notre enfant soit confié à ma mère et ma soeur. En ce qui me concerne, je resterai leur ennemi jusqu’à ma mort et ils ne me feront jamais plier. Vive la révolution ! »
Et la déclaration de Nikos :
« — Après l’arrestation de Pola Roupa, la juge pour enfant Nikoulou a refusé de confier la garde de notre fils de six ans à la famille de Pola, leur interdisant même de le voir, et sans permettre à notre avocat de savoir où il se trouve. L’État a donc enlevé notre fils. Il se venge de nous pour les choix de lutte que nous avons fait : ceux de la lutte armée. Les infâmes organes de l’État, les sbires des créanciers, du mémorandum légal et constitutionnel, s’en prennent à un enfant de six ans pour se venger parce nous nous sommes attaqués à une annexe de la banque centrale européenne, à la banque nationale de Grèce ainsi qu’au bureau du représentant permanent du FMI en Grèce. Les pratiques de la juge Nikolou sont similaires à celles des Paidoupoleis de la reine Fredérika pour les enfants des partisans lors de la guerre civile. Notre fils est l’enfant de deux révolutionnaires et il est très fier de ses parents. Aucun chantage ne nous fera plier. Nos choix, nous les défendons au moyen de nos propres vies. A partir d’aujourd’hui je commence une grève de la faim et de la soif avec ma compagne, avec pour revendication que notre fils soit confié à sa famille. La révolution armée des opprimés demeure la seule solution. »
Aux dernières nouvelles, Pola et Nikos se sont vu retirer l’autorité parentale de leur enfant. Le petit garçon a été transféré, non pas dans la famille de Pola, mais au département psychiatrique de l’hôpital Sainte Sofia, sous très haute surveillance, avec interdiction pour quiconque de communiquer avec lui sans autorisation spéciale.
Malgré les nombreuses protestations, y compris de Manolis Glézos(1), Tsipras ne veut rien entendre. La machine policière, judiciaire et pénitentiaire est marche.
Voilà l’État tel qu’en lui-même : faible avec les forts, fort avec les faibles, au service de la bourgeoisie, des banques et du capitalisme, réprimant tous ceux qui osent s’y opposer.
L’État dont les prérogatives sociales ne parviendront jamais à masquer sa fonction fondamentale : maintenir l’ordre au service des puissants, dans la société autoritaire et carcérale dont nous sommes tous prisonniers.
L’État n’est pas le mur de notre prison, mais la prison elle-même.
Solidarité avec Pola, Nikos et leur petit Lambros. Vive la révolution sociale et libertaire !
Yannis Youlountas
https://www.youtube.com/watch?v=WWp9onuo1w4
(1) Le vieux résistant au nazisme, à la dictature des Colonels et à la troïka, longtemps pilier de SYRIZA avant de dénoncer la trahison de Tsipras, vient de comparer le premier ministre grec à Créon, l’antique roi de Thèbes. Dans sa lettre ouverte, Manolis Glézos demande à Tsipras s’il est devenu « jaloux d’Erdogan », et affirme que « ce comportement méprisable des fonctionnaires de l’État affecte la crédibilité et la légitimité de la constitution, de l’État et de la société toute entière. » Il demande, lui aussi, la libération immédiate du petit garçon afin qu’il soit confié à la famille de Pola.
2. COURSE CONTRE LA MORT ENTRE ATHÈNES ET KALAMATA
L’affaire Lambros(1), du nom du petit garçon des prisonniers politiques Pola Roupa et Nikos Maziotis, provoque un immense scandale en Grèce. L’enfant n’a toujours pas été libéré, alors même que ses parents, en grève de la faim et de la soif, risquent de mourir.
Depuis deux jours, les pétitions pleuvent sur le bureau de Tsipras, dont l’une d’elle signée par de nombreux professionnels de pédiatrie. Manolis Glézos et d’autres figures historiques de la résistance multiplient les missives contre le premier ministre grec et ont tenté, sans succès, de pénétrer dans l’hôpital où est encore confiné l’enfant. L’opposition de gauche au gouvernement Tsipras dénonce « une action honteuse de plus » à son actif. Le mouvement social dans son entier proteste. Les anarchistes et révolutionnaires sont révoltés. Les rassemblements de soutien se multiplient, partout dans le pays, notamment devant les bureaux de Syriza, une fois de plus conspués et endommagés Les tags et bannières se répandent comme une trainée de poudre, d’heure en heure.
Sous pression, Tsipras et son ministre de la Justice viennent encore de se réunir avec leurs conseillers et en contact avec la juge Nikolou, responsable du dossier, alors qu’un nouveau rassemblement de protestation est annoncé pour 16h ce dimanche, devant l’hôpital où est encore enfermé l’enfant de Pola Roupa et Nikos Maziotis.
Devant cette immense levée de bouclier et le risque que meurent les parents du petit garçon, l’État a commencé à lâcher : la mère et la sœur de Pola ont finalement pu rencontrer, hier soir très brièvement, le petit Lambros, dans une salle ultra-surveillée de l’hôpital Sofia d’Athènes, mais n’ont pas pu repartir avec lui. Parallèlement, une course contre la montre a également commencé, entre Athènes et Kalamata, pour montrer à un groupe d’enquêteurs sociaux la maison où vivent les deux femmes et que rejoindrait éventuellement le petit Lambros, à 240km de la capitale, dans le sud du Péloponèse.
Lambros n’étant toujours pas libéré, ses parents ont décidé de poursuivre leur grève de la faim et de la soif, rejoint par leur amie et camarade Constantina Athanasopoulou, 25 ans, arrêtée en même temps que Pola et son fils. Le bras de fer se durçit.
Le temps presse. Pola et Constantina viennent d’être transférées sous haute-surveillance à l’hôpital Sotiria, suite à la rapide dégradation leur état de santé. Leur avocat, Fragkiskos Ragkousi, évoque un risque imminent et irréversible.
Tsipras et ses valets avaient déjà du sang et des larmes sur les mains, au fil des plans d’austérité. Mais, cette fois, c’est en pleine lumière qu’ils ont la vie de trois personnes sur leur bureau.
Une fois de plus, la colère gronde en Grèce. Une fois de plus, dans la diversité de ceux qui luttent, le pouvoir tremble sous les broncas. Une fois de plus, Tsipras se retrouve face à son beau miroir, dans son Palais Maxímou.
La décision ne devrait pas tarder à tomber : l’État va bientôt lâcher et la juge Nikolou va probablement annoncer la libération de l’enfant en faveur de sa famille maternelle à Kalamata.
En attendant, les heures sont longues et le compte à rebours mortifère se poursuit.
Yannis Youlountas
https://www.youtube.com/watch?v=b9DsWSgkLTc
(1) http://blogyy.net/…/01/07/lambros-6-ans-otage-de-letat-grec/
ou https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1701580443485909&set=a.1386628864981070.1073741
3. LE PETIT LAMBROS EST EN ROUTE POUR KALAMATA AVEC SA GRAND-MÈRE
POLA, NIKOS ET CONSTANTINA VIENNENT D’ARRÊTER LEUR GRÈVE DE LA FAIM ET DE LA SOIF
Néanmoins, Pola et Constantina restent hospitalisées jusqu’à ce que leur état de santé s’améliore. Nikos, quant à lui, a bien tenu le choc (ce n’était pas sa première grève de la faim, ni de la soif).
Ce soir, tous les mass-médias grecs mettent habilement le scandale de l’affaire Lambros(1) sous le tapis du contenu de la perquisition chez Pola Roupa : deux kalachnikov, des sous et quelques bricoles qui voilent tout le reste, à grands renforts de mise en scène, entre images inquiétantes et musique macabre, suivies de commentaires interminables et d’images d’archives en boucles.
Tant pis et tant mieux à la fois.
Tant pis pour les abrutis qui vont gober ces salades et se faire retourner le cerveau, considérant dès demain que, dans l’ensemble, le pouvoir a tout de même bien fait son job. Un épilogue sécuritaire pour que tout rentre dans l’ordre. L’ordre des puissants.
Mais tant mieux pour le petit garçon de six ans qui, actuellement, est en route vers sa nouvelle maison, avec sa grand-mère, longeant Salamine dans le soir, puis l’isthme de Corinthe dans le crépuscule, avant de traverser la « main » du Péloponnèse dans la nuit. Car, au moins, il se fait oublier un peu.
Sans télé chez sa grand-mère, à quelques pas de la plage, il n’assistera pas au grand manège juridique, médiatique et pénitentiaire qui va commencer contre sa mère. Pola sera diabolisée à l’envi par les grands-prêtres du capitalisme, pendant que Lambros inventera sa vie sur le sable, à grands renforts de brindilles et de cailloux.
Elle sur le bûcher. Lui au bord de l’eau.
Ainsi va la société autoritaire.
Yannis Youlountas
Photo : Nikos Maziotis, compagnon de Pola et papa de Lambros (lors d’un transfert en 2014).
(1) Nom du petit garçon. Articles précédents sur le sujet :
http://blogyy.net/2017/01/07/lambros-6-ans-otage-de-letat-grec/
http://blogyy.net/2017/01/08/course-contre-la-mort-entre-athenes-et-kalamata/