Valls peut dire ce qu'il veut : nous ne nous interdirons pas de manifester
La préfecture de police a annoncé ce mercredi matin l'interdiction de la manifestation contre la loi El Khomri qui devait avoir lieu jeudi dans la capitale. Nous savons maintenant à quoi nous en tenir. Cela va être chaud. Et la faute doit en être attribuée d'avance à un gouvernement socialiste qui a décidé de briser les syndicats qui ne baissent pas la tête. Il espère des affrontements terribles (il serait peut-être intelligent, cette fois, si les syndicats ont le courage de maintenir leur appel à une manifestation interdite, de limiter la casse et de défiler avec eux). Un gouvernement ultra-minoritaire nous déclare ouvertement la guerre. Nous n'avons pas envie de dire qu'il l'aura. C'est ce qu'il souhaite de nous sur le moment. Mais des batailles, il va en avoir. Même la Ligue des Droits de l'Homme appelle à manifester. Il y a une raison pour cela. La liberté est en danger. On veut parquer les manifestants dans des "fan zones". Transformer les défilés en "nasses". Contrôler les identités des manifestants. Museler l'opposition en menaçant de dissoudre les partis de gauche (qui ça ? les insoumis de Mélenchon ? le NPA ? les "islamo-gauchistes", comme dit le FN ?) et de ruiner les syndicats par des amendes colossales en cas de bris de vitrine dans lesquels ils ne sont pour rien. Cela rappelle les heures les plus sinistres de la répression des organisations ouvrières. Nous sommes actuellement (il suffit d'entendre le parlement, de lire les journaux, de regarder la télé) dans un climat de contre-révolution. Dans l'habituelle union hystérique en ce cas des "socialistes de gouvernement", qui n'ont jamais été les derniers à tirer sur les ouvriers, et de la droite.
* Nous devons ce génial billet de onze euros (le prix de l'amende pour un simple manifestant, matraques et gomme-cognes non incluses) à la graphiste Noémie Savall.
L'Autre Quotidien
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NB : Total, nous avions écrit cela ce matin, et il résulte que le gouvernement a fait marche arrière devant la tournure que prenaient les événements. Des milliers de gens dans la rue, et pas contents du tout. C'est ce qui se serait passé de toute façon s'il avait maintenu son interdiction de manifester. On est content de voir sa piteuse défaire en rase campagne. Mais pour nous, cela ne changera rien de toute façon ; nous avions prévu de manifester, nous manifesterons donc. Et nous ne sommes toujours pas contents, ni de la loi "Travaille et tais-toi", ni du gouvernement Hollande-Valls, ni de la droite qui se prépare à tirer les marrons du feu après lui, ni de cette société.