Short-Cuts 11, par Nina Rendulic

au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas

semaine du 28 / 3 / 16

encore des morts des morts des morts des morts… et ce [R] français qui se roule, qui résonne comme un fracas de verre brisé… des morts jeunes, trop jeunes, par des dizaines, d’autres jeunes aux barricades, par des centaines, un bourreau de guerre en liberté, un avenir incertain, j’observe la nuit tomber sur le monde, bientôt l’époque des crépuscules flamboyants {qui brûle en produisant une vive lueur, des flammes}, partis Imre Kertész et Zaha Hadid, partis par milliers des visages anonymes, ailleurs. bientôt l’époque des crépuscules flamboyants {(par extension) qui produit une vive lueur, un éclat}, les feuilles seront vertes et les filles ôteront la poussière de l’hiver. la cigogne est revenue, grise et jaune, pour la quatorzième fois, vive l’amour l’amour l’amour. bientôt l’époque des crépuscules flamboyants {(par extension) qui est éclatant, remarquable dans son genre} et la mue des papillons, l’air sera plus doux, c’est si naturel, et je partirai vers la foule les grandes avenues le béton et le verre. puis je rentrerai. à la maison.

Le moment où Klepetan retrouve sa Malena

Zagreb (prélude)

Je rentre ou je retourne ? à Zagreb, mon Zagreb, dans ses rues imprégnées des rires de mon adolescence, parmi ses parcs ses fontaines ses tramways où on fraude, dans les ruptures de ses absences, de mes absences, sous la lumière nocturne et les odeurs de ses tilleuls (qu’Isabel aimait il y a dix ans, dix ans…), au nord, la montagne (où on embrassait les arbres, la nuit, avant Gordogane), au sud, la rivière, à l’est, la forêt, à l’ouest, la frontière, et au milieu, l’insupportablement connu, le mien, mais comme derrière un voile transparent et intouchable, formé des ailleurs, ou des années ailleurs, des ruptures de mes absences, et je le revendique, je le revendiquerai, mon Zagreb, ces sons gorgés de miel, Zagreb…

Max Servais

Restez immobiles devant cette femme, les yeux cachés par des cibles, dans la tête et dans le corps un millier d’individus anonymes (qui l’habitent ? qui la hantent ?), et qui dit « C’est un peu de rêve que vous gaspillez sur votre passage ». Voici des preuves, dixit Max Servais, écrivain de romans policiers et surréaliste belge discret quand ça fut la mode, voici des preuves, dans ce monde des images, des nouvelles si nouvelles, des faire et des avoir, plus de place pour des rêves ?

Se lever tôt, se coucher tard, le noir est doux, prenant et surprenant, les rêves se font rares et l’oubli bienveillant.

Ne gaspillez pas vos rêves.

Nina RENDULIC


Nina Rendulic est née à Zagreb en 1985. Aujourd'hui elle habite à 100 km au sud-ouest de Paris. Elle aime les chats et la photographie argentique. Elle vient tout juste de terminer une thèse en linguistique française sur le discours direct et indirect, le monologue intérieur et la "mise en scène de la vie quotidienne" dans les rencontres amicales et les dîners en famille. Vous pouvez la retrouver sur son site : ... & je me dis