On avait mis nos masques de l’est, par Sébastien Ménard
Et si on mettait nos masques de l’est un soir un jour un matin — qu’importe sauf mettre le masque et tous ensemble.
Disons que ça serait un matin car c’est aussi bien le matin les masques de l’est (on peut les garder tout le jour et toute la nuit et ça nous rend plus dingues encore). Quelques questions :
qu’est-ce qu’un masque de l’est ?
qui pour dire d’un masque c’est un masque de l’est ou d’ailleurs ?
qui pour attendre à l’ombre d’un arbre et au bord d’une route et voir surgir les masques de l’est ?
comment mettre un masque de l’est ? comment l’entretenir ? comment le conserver ?
Alors nous avions mis nos masques de l’est — nos suées de l’est nos jambes et de l’est et on courait dans notre rêve de l’est comme il nous arrive de courir la nuit et les yeux fermés. Personne pour vérifier nos chemins nos mondes — et c’est tant mieux. Personne pour nommer nos quêtes ordinaires et c’est ainsi.
Quelqu’un dit qu’un masque de l’est ça n’a pas de sens et c’est un mensonge — pourtant on n’a jamais dit qu’il fallait croire nos masques. Alors nous avions nos masques de l’est sur nos gueules et nos corps étaient debout qui tenaient des histoires terribles et sauvages — on attendait la fin d’une nuit et le début d’un matin — on voulait savoir ce qui allait se passer quand le jour serait là — on voulait vérifier que nos masques allaient tenir une aube et des rêves.
Suffit-il de tenir pour nos masques de l’est et sans bouger ? Et alors on n’aurait pas eu besoin des routes — des milliers de kilomètres et de nos petites aventures à consigner dans le registre des quêtes. En réalité — c’est la même chose exactement la même chose — mettre nos masques de l’est — prendre la route de l’est — et toujours tremblant doux dingues et tendres. « Tchak de l’est » dit-on dans la nuit.
Cobor, Roumanie,
Sébastien MÉNARD.
Sébastien Ménard écrit en continu sur le site diafragm.net. Vous pouvez également le retrouver sur Twitter@SebMenard.