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Intérieur assez lointain

by JP Mix en quête de fraicheur avec Henri Michaux

Dans le monde des animaux, tout est transformation. Pour dire la chose d’un mot, ils ne songent qu’à cela. Dites-moi, qu’y a-t-il de plus protéiforme que le cheval ?
Tantôt phoque, il vient prendre l’air entre deux cassures de la banquise, tantôt farouche et malheureux, il écrase tout comme un éléphant en rut.
Vous jetez par terre une bille, c’est un cheval. Deux billes, deux chevaux, dix billes, sept à huit chevaux au moins….quand c’est l’époque.
On en voit à grands flots sortir d’une gare, à l’improviste, agitant leur grande tête qui peut devenir si folle, si folle ; et c’est la ruée, vers la sortie, piétinant tout se qui se trouve sur leur chemin et vous-même, pauvre malade, qui pour une illusion de liberté vous étiez traîné vers la gare, vers les trains , qui, pour un peu d’argent, transportent à la mer, à la montagne.
En rentrant, vous les retrouvez semblables cette fois plutôt à des caniches collants, qui demandent toujours à être dorlotés, qui trouvent toujours une porcelaine à casser ou un nez fin de statue à opposer désastreusement à un bloc de matière plus résistant.

Lointain Intérieur de Henri Michaux