Quand la rue danse, la victoire se rapproche

Marion Barbeau 1ère danseuse à l’Opéra de Paris. Crédits photo Grégoire Alexandre

Le 5 décembre 2019, 1 500 000 personnes sortent manifester leur profond désaccord sur la réforme des retraites.

Cette mesure injuste, une de plus, qui réduit comme peau de chagrin les retraites des moins nantis, agrandit les écarts entre plus riches et plus pauvres, et signe la mort des régimes spéciaux qui protègent à ce jour les métiers les plus pénibles.

Ce 10 décembre,nous avons croisé en manifestation, Marion Barbeau, 1ère danseuse à l'opéra de Paris, et Simon Le Borgne, sujet.

Pour ces deux artistes, c'est la deuxième fois qu'ils manifestent de leur vie en tant que salariés de l'Opéra, la première ayant été le 5 décembre.

Ainsi que l'explique Marion, les danseurs.es de l'opéra de Paris bénéficient d'un régime de retraite spécial, un des plus anciens, et elle se sent donc directement concernée par cette réforme en tant qu'artiste mais elle affirme être également présente en soutien aux autres secteurs du monde du travail.

Ah les régimes spéciaux... Ils en font couler de l'encre, et ils en provoquent des discussions de couloirs parfois animées!

Prenons l'exemple de la jeune Marion ;

Elle nous confie qu'elle a débuté sa formation à 10 ans et a commencé a travailler à 17 ans

Elle n'a pas passé son bac même si pour elle c'était un choix, il est facile de comprendre que dans de telles circonstances et avec des responsabilités professionnelles et une lourde charge de travail si jeune, effectivement des choix étaient à faire pour réussir a garder le cap.

Aujourd'hui âgée de 28 ans, elle aura très bientôt malgré son jeune âge, déjà 12 ans d'ancienneté dans cette institution, sans compter les 7 années d'apprentissage rigoureux au sein de l'école de danse de l'Opéra de Paris.

Evidemment, tout cela est merveilleux, quelle petite fille n'a pas rêvé un jour de devenir première danseuse a l'opéra ? Quelle petite fille devenue première danseuse ne serait pas épanouie à sa place ?

Seulement, serait il normal qu'elle doivent s'y épanouir jusqu'a la soixantaine passée ?

Vous viendriez quand même voir des artistes danser avec une arthrose devenue trop douloureuse ?

Aujourd’hui à l'Opéra, il faut atteindre 42 ans pour entamer sa reconversion.

Il ne s'agit donc pas d'une retraite très anticipée mais du début d'une deuxiéme carrière dans des conditions les plus adéquates possibles.

Marion nous confie qu'il est souvent difficile d'arriver à cet âge là en un seul morceau, beaucoup de danseurs.es se blessent au cours de leur carrière, leurs corps sont usés de façon précoce au mieux, et sont mi-os, mi-titane au pire.

Simon, à ce sujet affirme que si l'Opéra de paris est encore debout, c'est bien parce qu'il bénéficie de ce régime spécial et on le comprend !

En tout cas même si une grève des danseurs et danseuses de l'Opéra n'a pas d'impact direct sur l'économie globale de ce pays, elle touche tout de même aux recettes de l'administration de l'Opéra et elle reste cependant suffisamment singulière pour envoyer un message d'alerte très fort.

Car l'Art et la culture sont bel et bien une part importante de notre vie, en ce qu'ils forment l'esprit au beau et à l’imaginaire, et nous font vivre la part de rêve qui est le moteur de l'être humain.

Shanti et Nathalie Athina