Choi Byung Hoon et la méditation sur l'eau

Designer coréen, Choi Byung Hoon a fondé en 1977 une association de jeunes artistes nommée Société pour la création des arts décoratifs et appliqués modernes. Avec celle-ci, il se lance dans la rénovation des arts décoratifs coréens qui, au courant des années soixante-dix, ne se basaient que sur la fonction pratique des objets. Elle a pour objectif d’emmener les utilisateurs à une certaine tranquillité et une méditation. Elle se base sur l’assertion selon laquelle : « lorsque l’art se reflète dans la vie quotidienne, il la rend belle ».

En 1983, il étrenne cette nouvelle tendance avec une collection de meubles appelée « Collection d’insectes ». Le caractère avant-gardiste de cette œuvre réside dans les formes singulières des meubles inspirées des mouvements d’insectes et conçues à partir du bois de rosier et de l’ébène. En 1988, il expose une nouvelle série « Vent du commencement du monde » qui, comparativement à la précédente, est considérée comme la plus proche de son concept du meuble d’artistes. Les formes des objets sont organiques, doublées d’une extrême simplicité, et poussent à la méditation. Pour cette collection, il a utilisé les planches naturelles, le bois d’orme, etc. Dans cette même année, il est nommé professeur de recherche à l’Université Helsinki de l’Art et du Design en Finlande. L’année qui suit, il est invité à donner des cours à la Rhode Island School of Design, aux Etats-Unis.

Poursuivant ses recherches, l’artiste finit par adopter deux matières principales pour son travail : le bois et le granit. Durant les années quatre-vingt-dix, il présente, à la Galerie Down-Town à Paris, une autre collection « Vestige du début du monde », qui incite et invite les spectateurs et les utilisateurs à naviguer dans le monde de la méditation. En 2005, il est à la tête de la société Korea Furniture, qu’il dirige durant deux années. L’année d’après, il organise une exposition durant laquelle il présente des meubles réalisés à partir de nouveaux matériaux (marbre raffiné) et de la technique du laquage, qu’il modernise. Il présente une vingtaine de nouvelles pièces uniques, consoles, bancs, tables, lors d’une exposition, qui a duré presque trente jours, en mai 2008.

Pour sa deuxième exposition en solo à la galerie Friedman Benda, New-York, intitulée « Water Meditation », il avait choisi de présenter des oeuvres (peut-on encore parler de meubles, à ce stade ?) composées uniquement de deux mediums : le basalte indonésien et la laque traditionnelle. L'occasion pour lui de rappeler que la laque est le produit de la sève d'un arbre, parfaitement naturelle (voir illustrations plus bas). Et le résultat d'un long et patient travail de l'homme, puisque chaque pièce implique de nombreuses couches posées avec la plus grande attention, un processus qui prend de deux à trois mois en moyenne.

La fusion du basalte et de la laque ? 

Sublime.

Christian Perrot

Arbres à laque, province de Gizhou, Chine

 

Yu Zhongding, collecteur de laque depuis 38 ans dans la province de Guizhou