Le Bantou Mentale de Doctor L fait un très convaincant numéro
Ex-artisan talentueux du trip hop parisien, le Docteur L, après avoir collaboré avec Rodolphe Burger et tant d’autres s’est tourné vers l’Afrique avec des résultats divers au fil des ans. Mais l’album de Bantou Mentale mérite votre attention.
Le nouvel album de Bantou Mentale est l’œuvre d’un quatuor rock issu des enclaves africaines de Paris. Aux guitares se trouvent L et Chicco Katembo, un membre du Staff Benda Bilili, le groupe de musiciens sans abri, dont beaucoup sont handicapés, qui ont répété au Zoo de Kinshasa. A la batterie, Cubain Kabeya, qui a joué avec tous les groupes congolais de renom ces dernières années, du groupe pionnier Konono Nº1 à Jupiter & Okwess et Mbongwana Star. Au premier plan se trouve Apocalypse, anciennement de l'orchestre souk de Koffi Olomide.
Sur scène, le groupe fait preuve d'un engagement rock acharné, esquivant habilement les clichés du son congolais, même si le son tient mal la distance sur un concert. Le bilan du disque est plus varié. Les rythmes bredouillants de "Boko Haram" et les synthés de Doctor L dénoncent sans ambage le groupe terroriste islamiste. Les sons du XVIIIE arrondissement traversent "Chateau Rouge", avec des bruits de drum-machine et des riffs de guitare très fins, qui s'entremêlent. La ligne de basse funk de "Suabala" s'accorde avec la description de l'égocentrisme du personnage central, obsédé par une femme qui s'éloigne constamment de lui. Le blues lent de "Boloko", avec certains des riffs les plus agaçants de l'album, se transforme en un appel à la jeunesse congolaise d'Europe pour éviter qu'elle se fasse arrêter. La "Syrie " rappelle clairement que le conflit dans la région est une bataille pour les ressources pétrolières. La migration est au cœur de l'ouverture et de la fermeture des pistes. La seule musique de fête sans complication est "Papa Jo", une mélopée pour un ami de Kinshasa.
Jean-Pierre Simard le 13/11/19
Bantou Mentale - Bantou Mentale - Comet Records