Comment devenir un auteur à succès ou l’art du bon timing, par Thomas Mourier

Une étrange nouvelle a secoué le monde des amateurs de livres cette semaine, et en particulier les aspirants écrivains. La maison Gallimard annonce ne plus vouloir recevoir de manuscrits pour le moment face à une surproduction des aspirants écrivains en temps de covid. Ne vous inquiétez pas la bande dessinée sera toujours là pour vous sauver et M. la Mine va vous guider.

La nouvelle a été partagée par bon nombre de médias, Gallimard annonce que s’il recevait en moyenne 30 manuscrits par jour, ils en reçoivent désormais 50 par jour. Interrogés par l’AFP d’autres éditeurs comme le Seuil ou Grasset confirment ce sursaut de production.

Devant la marée textuelle, ils déclinent les nouveaux envois pendants un temps une décision sévère pour les jeunes écrivains, mais tempérée par la diversité des maisons d’édition : en réalité même si ce sont les plus grosses qui annoncent renoncer aux nouveaux manuscrits cette année, ils ne publient pas tellement de nouveaux auteurs en regard de leur production. Et des maisons d’édition aux tailles plus modestes, mais aussi pertinentes, en publient autant, sinon plus, et continuent d’accepter les propositions. Entre effets d’annonces et perceptions (tiens, c’est le moment de relire ce dossier : Être auteur, parcours du combattant.)

M. la Mine le « maître du suspens », « le prince des romanciers » est là pour vous aider avec son Vade-mecum littéraire  Comment  devenir un auteur à succès (ou, à défaut, un critique acerbe) qui paraît — comme par hasard — au moment où l’éditeur de Proust et Arthur Rimbaud annonce qu’il ne prend plus de nouveaux auteurs. 

Coïncidence ? Ah ah non, un clin d’œil des muses serait une explication plus rationnelle.

Le meilleur Poétissier 

Vous avez peut-être découvert ses dessins d’humour sur les réseaux sociaux, M. la Mine publie depuis quelque temps ses illustrations qui tournent en dérision les préoccupations du milieu littéraire, qui s’amuse des grands classiques et des poncifs avec un regard décalé. Tout un monde de pseudo-savoirs, de déformations habiles d’expressions toutes faites ou idées reçues sur la Culture. Un humour référencé qui flirte parfois avec l’absurde et le non-sens qui pourtant sont très ancrés dans l’époque avec cette pointe de « dans l’air du temps » qui donne envie de partager ces dessins avec ses amis, en regard de l’actualité. 

Si vous êtes familiers du travail de Tom Gauld (lire le dossier ici) M. la Mine s’inscrit dans la même famille de cartoonist qui s’attache à bousculer un peu le sérieux qui entoure la littérature. Déjà auteur d’une Encyclopédie Non Exhaustive des Savoirs Approximatifs, il récidive avec ce livre qui propose en plus des gags, un fil rouge inédit. 

Le dessinateur ne s’est pas contenté de compiler ses illustrations humoristiques, il les propose en regard de l’histoire d’un aspirant génie qui quitte la boucherie familiale pour venir éblouir la capitale des lettres par son talent, en suivant le stage Pôle Emploi de « poète maudit. » Chaque double planche met en regard son histoire et un gag et le livre est chapitré, présenté comme un manuel pour trouver le succès.

Nul doute qu’après la lecture de ce livre, il ne vous manquera qu’un chat ou une Remington pour éclabousser le service des manuscrits de Gallimard par votre talent. 

Thomas Mourier le 3/05/2021
M. la Mine, - Comment devenir un auteur à succès (ou, à défaut, un critique acerbe) - Delcourt, coll. Pataquès