Res(ti)tuer l'art africain au Quai Branly

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«Ex Africa – Présences africaines dans l’art d’aujourd’hui», au musée du Quai Branly, est une initiative de l’historien et critique d’art Philippe Dagen, spécialiste des rapports que les avant-gardes occidentales ont, depuis la fin du XIXe siècle, entretenus avec les arts des peuples africains, amérindiens et océaniens. Les 150 œuvres de l’exposition témoignent d’un renouvellement, depuis les années 1980, des relations entre l’art contemporain et les arts africains.

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Ex Africa interroge les transformations du regard artistique sur les œuvres africaines classiques. Les avant-gardes du XXe siècle percevaient souvent en elles de simples « réservoirs d’idées formelles ». Picasso, Matisse et les tenants du primitivisme s’inspiraient de l’esthétique de « l’art nègre », sans se préoccuper de ses sens politiques, religieux ou moraux. Sans non plus interroger le parcours qui a conduit ces œuvres dans les collections européennes, publiques ou privées. Depuis les années 1980, certains artistes abandonnent cette vision exotique, teintée de colonialisme, au profit d’une compréhension plus complexe des arts africains et d’une approche plus riche de ses significations dans la création contemporaine.

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Plusieurs œuvres évoquent la traite négrière et la colonisation. Pour faire le lien entre passé et présent, des artistes européens puisent dans les langages artistiques de différents peuples africains. Annette Messager évoque ainsi l’exploitation des ressources africaines à travers la sculpture Attye avec Barbie (2020), composée d’une figure de la statuaire ivoirienne —  du peuple Attié — qui allaite une poupée Barbie. 

Le plasticien béninois Romuald Hazoumé évoque, quant à lui, l’émigration de la jeunesse africaine vers l’Europe. Son œuvre No Return (2020) se compose d’une large spirale formée de plus de 5000 tongs empruntées par des migrants qui se sont échouées le long des côtes du Bénin. Il réinvestit ainsi le symbole africain de la spirale — présent chez les As’hendo, les Lulua, les Batou, les Baluba, les Luba, les Manyiunguk, les Venda, les Bayala, les Dogon et d’autres — qui exprime la nécessité implacable de continuer à avancer. 

A l’heure où tous les gouvernements européens sont confrontés aux demandes de restituion des œuvres pillées pendant l’époque coloniale, on note un pas en avant de la part de la France. Un petit pas pour la restitution, un immense pour le faire savoir. Avec Myriam Mihindou, Kader Attia, Pascale Marthine Tayou, Romuald Hazoumé, Annette Messager, Kifouli Dossou et Théo Mercier

Paul Degars le 20/04/2021
Ex Africa -> 27 Juin 2021
Musée du quai Branly 37, Quai Branly 75007 Paris

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