Dj Muggs, version dark side of hip hop

Depuis qu'il a réactivé son label ““Soul Assassins en 2017, DJ Muggs a connu une remarquable série de succès, publiant des albums avec des emcees underground notables comme Roc Marciano et Mach-Hommy. Ces disques brillants restent fidèles au son sombre et brumeux dont Muggs a été le pionnier avec Cypress Hill au début des années 90, tout en sonnant pleinement pertinent à l'ère de Griselda et de Dump Gawd.

Tout cela est particulièrement bienvenu si l'on considère les incursions occasionnelles du producteur dans le dubstep, le trip-hop et le rock alternatif. Sous le pseudonyme de Black Goat, précédemment utilisé pour ses collaborations avec les méga-rappeurs sud-africains Die Antwoord, Muggs fait étonnamment surface sur Sacred Bones en 2021 avec Dies Occidendum, son premier album instrumental.

Les dix titres de l'album sont remplis de rythmes lents et irréguliers, recouverts de suie et de fumée, avec des samples macabres de vieux films d'horreur au lieu de vers rimés. Une grande partie de l'album aurait été classée dans le sous-genre illbient s'il était apparu au milieu des années 90, car il n'est pas très éloigné de ce que Spectre et Prince Paul concoctaient pour le label WordSound à cette époque, mais il y a aussi une présence importante de boîtes à rythmes scintillantes qui rappellent la trap dans ce qu'elle a de plus sinistre.

"The Chosen One" est essentiellement un morceau de witch house, avec des gémissements fantomatiques et des orgues funèbres qui annoncent le malheur sous des rythmes qui claquent. "Nigrum Mortem", un morceau alléchant de heavy psych, avec des guitares qui couvent et un orgue flou qui se développe sous une grosse batterie hachée. D'autres morceaux comme "Liber Null" et "Veni Vidi Amavi" entretiennent le suspense avec des changements de rythme habiles, ainsi que des extraits de films poignants. Les boucles de cordes et les chutes de rythme soudaines font d'"Annica" l'un des moments les plus effrayants de l'album, même si, textuellement, il semble être l'un des morceaux les plus légers de l'album, à l'exception de l'interlude de piano obsédant "Alphabet of Desire" ou du morceau de clôture "Transmogrification", qui se compose principalement de grillons stridents et de flammes crépitantes.

Il est évident que Muggs prend beaucoup de plaisir à explorer les côtés sombres de son art, et comme ses meilleurs travaux, Dies Occidendum est aussi éclairant que sinistre et inquiétant. Un petit frisson de présent confiné en quelque sorte.

Jean-Pierre Simard le 18/03/2021
DJ Muggs the Black Goat – Dies Occidendum - Sacred Bones

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