Les sourires pop diaboliques de Stuart Moxham et Louis Philippe

Bijou pop concocté par un des ex-Young Marble Giants et le sieur Louis Philippe, tous deux orfèvres en pop classy, The Devil Laughsest un dernier envoi de 2020 qui fait chaud au cœur par sa douceur et son envol délicat. Un genre d’osni de l’année qui a trop pué… 

Moxham + Auclair

Moxham + Auclair

D’un côté, on a l’Anglais qui sort des albums toujours bienvenus au compte-goutte, de Young Marble Giants à The Gist; de l’autre, le journaliste sportif Philippe Auclair, qui sort épisodiquement des albums d’orfèvre littéraire de la pop. Et cela depuis des lustres. Leur rencontre organisée depuis 2013 ne sort que maintenant et la nature calme et modeste des chansons de The Devil Laughs donne l'impression d'artistes heureux de ne pas être sous les feux de la rampe. Ce n'est peut-être pas un album qui se présente avec tapage, mais il a beaucoup à offrir, à remonter le fil d’une idée de la musique qui sonne et se donne sans ambages, avec autant de délicatesse que d’allant. Mais ça se mérite.

Le premier morceau, "Tidy Away", est un cocon chaleureux et protecteur de la chanson, glorieux à sa manière et une célébration des détails et des atermoiements de la vie ("Tidy away on a lazy old day when you should be out working for more"). Il fournit également certains des premiers points de référence musicaux, rappelant des œuvres telles que Mojave 3, The High Llamas, The Clientele et Paul Heaton.

It Goes Like This" voit les deux groupes se réunir pour des harmonies très proches, faisant passer le morceau de petite sensation à quelque chose de plus large et plus orné. Love Hangover est emporté par une brise estivale apaisante et Sky Over Water rappelle les douces textures du duo folk-pop norvégien Kings of Convenience. Fighting To Lose met en scène Ken Brake, associé de longue date à Moxham/Philippe, au chant principal, avec une touche de poésie supplémentaire après la triste annonce de Philippe sur Twitter concernant le décès récent de Brake.

Untitled #2 est emblématique de leur écriture modeste et sensible, Moxham sussurant "je pleure quand je suis heureux, je suis heureux quand je chante". Come To Me Nancy commence de façon tout aussi fragile, mais elle accélère rapidement le rythme et finit avec une agréable vivacité. La magistrale et attachante Head In A Song est la preuve de ce qui peut arriver lorsque deux auteurs de chansons accomplis mettent en commun leurs talents collectifs.

Il est clair que The Devil Laughs est un travail d'amour à long terme ; un de ces albums qui dépassent la somme de ses parties individuelles en un ensemble de chansons qui séduisent et ravissent à parts égales. Et, même si cela exhale comme un parfum d’antan, de ce monde d’avant à jamais perdu dans la crétinerie actuelle re-confiné et covidé à long terme; c’est aussi un souffle d’air frais. Le genre de carte postale qui fait du bien instanément et à long terme. So, what else ?

Jean-Pierre Simard le 7/01/2021
Sutart Moxham et Louis Philipe - The Devil Laughs - Tiny Global Productions

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