Balancing Tear, excellent pour dévérouiller les esprits du confinage crétin

Si vous réussissez à zapper les chaînes d’infos en con-tinu et les discours de La REM qui s’auto-félicitent de leur parodie de gouvernement, via leur conseil à la limite du légal, vous aurez alors le temps de vous faire à de nouveaux sons qui ne refusent jamais une petite relecture du passé pour avancer en terrain inconnu. C’est Balancing Tear de Mako Sica & Hamid Drake, et c’est bien.

Mako Sica

Mako Sica

Si vous n’avez pas ou peu de frontières musicales. Que, pour vous, jazz libre, musique psychédélique et rock allemand se marient dans un idiome contemporain qui sonne juste… alors, Balancing Tear sorti en avril dernier est un point de repère de 2020 pour sa volatilité de genre, son espace ouvert et ses musiciens à l’écoute les uns des autres. Ni jazz ni psyché, mais à la croisée des deux avec un vrai gros son.

La musique libre et improvisée a tendance à se confondre avec le jazz, le rock ou autre chose. Cela va à l'encontre du but de la musique, qui est de produire des sons qui ne sont pas limités à une formule ou à un style prédéterminé définissant un genre. Mako Sica est un trio de Chicago qui est souvent qualifié de rock expérimental, probablement parce qu'il y a des instruments de rock comme la guitare électrique, la basse électrique et les claviers électriques dans le groupe. Et puis il y a Hamid Drake, un vétéran de la scène jazz d'avant-garde de Chicago qui remonte à la fin des années 70. Mais les deux groupes partagent bien plus que le fait d'être originaires de la même ville. Ce sont les deux faces d'une même pièce, de forme libre. C'est pourquoi il était tout à fait judicieux qu'ils s'associent pour l'album Ronda... de Mako Sica en 2018. La collaboration se poursuit pour Balancing Tear, sorti chez Astral Spirits et Feeding Tube Records.

Balancing Tear est un mélange d'enregistrements en studio et en live et le morceau présenté ici, "Trapeze / Maku (Live)", est un live. La première partie "Trapeze" est la deuxième apparition de cette chanson sur le prochain album, l'autre édition a été enregistrée en studio. Aux côtés de Hamid Drake pour la chanson, on retrouve Przemyslaw Krys Drazek à la trompette et à la guitare, Brent Fuscaldo à la basse électrique et aux chants, et Chaeten Newel au piano acoustique et aux claviers électroniques.

Les deux versions flottent dans un brouillard céleste, mais sont très musicales dans un style moyen-oriental vaguement spirituel, et passent vraiment à la vitesse supérieure lorsque Fuscaldo introduit sa basse circulaire environ trois minutes plus tard. C'est le signal qui permet à Hamid Drake de passer de la coloration au groove, et sur la version live, il s'y prend avec plus d'enthousiasme. Il y a même une minute où Mako Sica dépérit pour laisser le vieux maître faire son truc sans que personne ne se mette en travers de son chemin. Quand le trio revient, ces touches exotiques aussi, et ils finissent par lancer une vamp semblable à "Trapeze" mais c'est la partie "Maku" de la chanson. Ce n'est pas seulement l'interprétation d'une chanson, c'est plutôt une expérience transcendantale.

En un temps de détournement d’attention et de nouvelles contradictoires, une voie çà suivre, celle d’une musique vivante et qui se revendique comme telle. Bon point !

Jean-Pierre Simard le 14/01/2021
Mako Sica & Hamid Drake - Balancing Tear - Astral Spirits et Feeding Tube Records.

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