Ces quinze derniers jours, passé pas mal de temps devant l’écran de la télé et eu envie de vérifier les dires de tous ceux qui balancent en masse des listes de films et de documentaires. Le bureau de vérif de La Nuit en ressort ceci, dans un désordre total, pour vous éviter les trucs abscons.

**Werner Herzog** in ***Krautrock, the Rebirth of Germany***

1/ The Clash / BBC4 Documentary
( https://www.youtube.com/watch?v=k_HszocRxSg)

Longtemps que je n’avais pas vu un truc aussi conséquent sur les débuts du groupe -jusqu’au premier album – Jarman resitue le propos avec un montage alterné qui montre la situation du pays en 77 et le mise en route du groupe jusqu’au moment où ils se disent prêt à enregistrer (après avoir appris à jouer suffisamment bien pour le faire.) Le son est aussi bon qu’il est approximatif et manifeste parfaitement les enjeux du moment. Il y a là-dedans un air du temps qui rappelle férocement l’aujourd’hui. Talentueux, féroces, jeunes, beaux et bientôt célèbres. Un must.

2/ Krautrock, the Rebirth of Germany
(https://www.youtube.com/watch?v=QP5dOKTB3ng)

Comment la génération des 60’s a soldé le passé nazi de l’Allemagne pour créer sa propre musique, en se démarquant des Anglais et des Américains. De Munich en 1966 à Bowie en 1978, venant enregistrer à Berlin sa trilogie : les groupes, les sons, les tendances et la postérité. Pas assez de Can live à mon goût, mais c’est disséqué au petit poil et bien construit. Passionnant !

3/ Pump Up The Volume, A House Music Documentary
(https://www.youtube.com/watch?v=J_Hz6FQyVJ8)

De Chicago au monde entier : de la disco au club, avec l’invention de la club culture ; les acteurs, les inventeurs, les passeurs et les gros tubes. Après le dub, la seconde tentative de sortir du format rock mainstream affadi de l’époque et proposer un autre son que celui du hip-hop naissant à l’époque à New-York dans le Bronx. Si vous avez raté les années 80, le cours de rattrapage est salutaire.

4/ High Tech Soul: The creation of Techno Music
https://www.youtube.com/watch?v=x1KkE6I1wJo&t=126s
Si vous n’aviez, jusqu’à présent, trouvé aucun charme à la techno – pour quelque raison que ce soit – en croisant, au fil du documentaire, les Belleville Three ( Juan Atkins, Kevin Saunderson et Derrick May) vous allez vite comprendre l’importance de ce qu’ils ont apporté à Detroit, ville sinistrée depuis les émeutes des 60’s. Ici, on vit le son de l’intérieur et on le ressent de la même manière. C’est, de plus, bourré d’anecdotes fendardes racontées par Derrick May qui jongle à un moment avec 4 platines – et ça confine au sublime. On y croise aussi Ritchie Hawtin, Eddie Flashin Fawlkes et Underground Resistance, entre autres… Humour, dérision et génie à l’œuvre. Mon préféré depuis 15 jours.

5/ Dub Stories
( https://www.youtube.com/watch?v=b7oN3GAgAB8
Le premier que j‘ai vu - bien sous-titré en français - qui fait le point sur l’histoire du dub, en la poussant jusqu’à la scène française du début du XXIe siècle. Avec, bien sûr, les intervenants majeurs et les stars du genre. J’ai choisi celui-ci parce que tout le monde (et son frère) n’a vu que le classique Dub Echoes qui n’aligne que des pointures certifiées. Mais qui mérite votre attention ; petit problème, la version trouvée n’a du son qu’au bout de 4 minutes – et c’est putain de lassant …
(https://www.youtube.com/watch?v=C1EsPzMzzNM )

6/ Stop Making Sense – Talking Heads Live
( https://www.youtube.com/watch?v=4xL7Ilh1DFI )
Je ne compte plus les visionnages depuis la sortie du film de Jonathan Demme, en salle ou en DVD, après l’avoir vu au Max Linder. Mais avec samise ne scène qui procède uniquement par accumulation de matériel et de musiciens au fil du concert, c’est et ça restera une hallu totale. Du funk à balai dans le cul de Psycho Killer en ouverture au final avec beaucoup de monde sur scène, un moment clé de l’histoire du rock – et plus.

Robert Crumb, il faut toujours parler de Crumb …

7/ Gil Scott-Heron – Tales of Gil Live
( https://www.youtube.com/watch?v=rdqLAeyqVr8&t=21s )
l y a ceux qui l’ont vu live – et les autres. Voici l’occasion de passer d’amateur à fan convaincu en une heure chrono ! Accompagné de Midnight Express, un set d’une heure qui montre toutes les dimensions du bonhomme. Pas seulement génial parolier, mais aussi vocaliste plein de bonheur parfaitement entouré pour l’occasion d’un groupe qui funke à donf ! Check the bass - c’est monstrueux. Une heure en apesanteur qui ne se refuse pas.

8/ Friedrich Hölderlin, un poète absolu
( https://www.arte.tv/fr/videos/082772-000-A/friedrich-hoelderlin-un-poete-absolu/ )
Grand pourfendeur de la syntaxe poétique, après avoir été salué par ses pairs romantiques ( Schiller, Schelling, Goethe) le révolutionnaire Hölderlin a aussi été un des premiers à se faire encager pour sa folie supposée, bien avant Artaud, mais avec quasi les mêmes méthodes chimiques à l’époque… Un parcours étourdissant, une tragédie.

9/ Melville, le dernier samouraï
( https://www.youtube.com/watch?v=btk3FSbDGVg )
Le loup solitaire du cinéma français, dans son parcours atypique, de précurseur de la Nouvelle Vague à ses derniers jours, un docu nostalgo-tragique – mais de première bourre.

**Jean-Pierre Melville** - au studio Jenner, dans son bureau.

10/ Taj Mahal Travellers – On Tour
( http://ubu.com/film/taj_tour.html )
Une curiosité maintenant – sur un site utra-recommandable (check les trucs de ouf sur Ubuweb) – un voyage. Fondé en 1969 par l'ancien chef du groupe Ongaku et membre de Fluxus, Takehisa Kosugi, les Taj Mahal Travellers étaient tous inspirés par l'esprit de l'époque, à choisir de jouer principalement en plein air, souvent sur les plages et les collines, en créant des drones spontanément improvisés… Si vous n’avez jamais entendu parler du psychédélisme nippon, une porte s’ouvre ; bonne perception à vous.

11/ Still Bill, the Bill Withers Story
(https://www.youtube.com/watch?v=S0thRH4qucU )
D’égale importance mais moins connu que Marvin Gaye ou Curtis Mayfield, Bill Withers a commencé une carrière de dix ans avant de jeter l’éponge, dégoûté par le business, par un tube inopiné et ne respectant aucune règle de composition de tube de l’époque - livré sans intro - Ain’t No Sunshine. Et il passera le reste de son temps à refuser de faire le pingouin pour les labels, s’en tenant à son mode fonctionnement et de composition qui s’attachera à promouvoir des sujets non traités par ailleurs : l’amitié virile, le rapport à sa famille (Grandma’ Hands), la lutte des classes. Mais, en musicien instinctif et producteur prodigieux, il contrôlera tous les aspects de sa musique soul-jazz pour en faire une épure. Et live, c’est encore plus prodigieux.

12/ Parliament/Funkadelic - One Nation Under a Groove
https://www.youtube.com/watch?v=IjQ5QcM1SfA&t=9s
Do doo-wop au funk, le parcours semé d’embûches de la tribu de George Clinton, des Parliaments du départ au triomphe international en 1976 avec la reconnaissance du funk et le départ de sa carrière solo ( avant de revenir en groupe encore plus fort, des années plus tard, le catéchisme du funk expliqué aux incultes. Une cosmogonie aussi importante que celle de Sun Ra, avec vaisseau intergalactique sur scène, concert de quatre/cinq heures et classiques à gogo. Free Your Mind and Your Ass Will Follow ! Indispensable.

13/ The Fall- The Wonderful and Frightening World of Mark E. Smith
https://www.youtube.com/watch?v=InXwZc4RS7M&t=2s
Chouchou absolu de John Peel, Mark E. Smith aura trente ans durant convaincu des musiciens d’être à ses côtés pour balancer sa poésie fulgurante en se renouvelant au fil d’un axe musical allant de Can à Captain Beefheart. Impitoyable chroniqueur social de l’Angleterre et de ses contemporains, la teigne Smith a été un original,arborant sa conscience en bandoulière, comme d’autres leur spleen. La porte d’entrée à leur son est le -baffe dans la gueule - Live At the Witch Trials. Imparable !

Enfin, vous ne nous en voudrez pas de vous refiler un max de docs en anglais, mais si vous aimez les jeux de piste, il existe plein de sites de sous-titrage : Sous-titres.eu., Sub Synchro, Opensubtitles.org., Addic7ed., Tv-Subtitles., titles.box.sk.,Subfactory, etc.

Bon visionnage !

Jean-Pierre Simard le 6/04/2020

Confinés à l'inutile, pas une raison pour s'ennuyer…