2020, confinement 1 à Londres avec Julia Fullerton-Batten
En matant par la fenêtre de ses voisins, la photographe londonienne Julia Fullerton-Batten a crée des tableaux élaborés et cinématographiques, qui racontent leurs vies à distance. Pour le confinement 2, résumé de l’épisode précédent et de ses effets.
Dans les jours qui ont précédé la pandémie de COVID-19, la photographe londonienne Julia Fullerton-Batten était occupée à planifier un tournage sur lequel il était prévu de travailler avec une équipe comprenant assistants, scénographes, accessoiristes, coiffeurs et maquilleurs. Puis, soudain, l'ordre de rester à la maison l'a mise en quarantaine, elle et ses voisins, reportant ses plans comme ceux des autres.
Mais cela ne l'a pas arrêtée, car elle était déterminée à poursuivre son travail. Elle a ainsi créé Looking Out From Within, une série de portraits mettant en scène des Londoniens isolés. Elle explique : "C'était à l'époque où nous étions enfermés et où nous ne pouvions sortir qu'une heure par jour. Je savais qu'en tant que photographe, je ne pouvais pas rester là à ne rien faire. J'ai donc décidé de documenter les membres de ma communauté, en regardant par leur fenêtre un monde différent".
Pour trouver des modèles, elle a lancé des appels sur les réseaux sociaux et dans un bulletin d'information local de l'ouest de Londres. La réponse a été énorme et pendant des semaines, elle a pu photographié les gens de son quartier au travers de leurs fenêtres. Elle a surtout pris des photos au crépuscule - lorsque la lumière naturelle illumine le ciel sans écraser la lumière artificielle - et s'est rendue chez ses sujets avec son fils Finn, âgé de douze ans, qui l'a aidée à transporter son matériel. Elle explique : "Je suis habituée à travailler avec une équipe nombreuse, ce que je ne pouvais évidemment pas faire pour ce projet. Cependant, je voulais que ces images soient cohérentes avec l'esthétique cinématographique de mon travail. J'ai donc dû réapprendre à faire des photos plus simplement, comme à mes débuts de photographe".
Pour arriver à rendre l'esthétique qui lui est propre, Fullerton-Batten a porté une attention méticuleuse aux détails. Avant chaque prise de vue, elle interrogeait ses sujets de manière informelle pour se faire une idée de leur expérience, discutait et choisissait leur garde-robe et leurs accessoires pour la prise de vue, et recherchait chez eux la fenêtre et l'angle d'appareil photo parfaits. Ainsi, "Looking Out From Within" évoque un récit onirique dans chaque image. Ce sentiment étrange résonne particulièrement à l'époque de la distanciation sociale, où nous ne semblons exister que dans un monde suspendu à la durée, mais sans aucun macaron…
Julia Fullerton-Batten - Looking Out From Within
Liz Sales pour Lens Culture, adaptation de la rédaction le 3/11/2020