Un "Colossal Youth" gravé dans le marbre fête les 40 printemps des Young Marble Giants

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Irrégularité notoire dans le paysage post-punk de 1980, le “Colossal Youth” des Young Marble Giants de Cardiff a quelque part changé la donne du son anglais, devenant un référent majeur pour sa conception d’un espace sonore radical aussi aéré qu’épuré. Cela allait donner des idées à une nouvelle scène diffusée par la compilation “Pillows and Prayers”, sortie en 1982.

Composé du guitariste-compositeur Stuart Moxham, du frère bassiste Philip et de la chanteuse Alison Statton, YMG a émergé du paysage punk et post-punk avec un son qui ne ressemblait à aucun autre. Enregistré en cinq jours, Colossal Youth a influencé nombre groupes, et pas des moindres, de Sheffield à Seattle, en imposant en douceur une formule de groupe à trois et sans batterie loin des canons en vigueur qui voyaient la formule minimale viable à quatre ou plus. Des fans parmi lesquels on comptera Kurt Cobain, Courtney Love, Belle & Sebastian, David Byrne, Sonic Youth, ou The Magnetic Fields.

Cité comme l'un des disques les plus définitifs de l'ère post-punk, il y a quelque chose de presque canonique dans l'utilisation de la voix, des instruments en sourdine et de l'espace sur cet album. L'attention que Colossal Youth porte aux détails épars est désormais un modus operandi pour les auteurs de l'electronica hantée et les auteurs-compositeurs-interprètes spectraux, mais en fin de compte, seuls les Young Marble Giants sonnent comme des Young Marble Giants.

En quoi cet album a-t-il changé la donne ? En privilégiant plusieurs choses. L’espace sonore, tout d’abord, qui remplace le mix tout en un/dans la gueule du punk par un autre plus ouvert, où chaque particule à sa place sans empiéter sur celle du voisin. Le folk avait déjà œuvré de la sorte auparavant avec un son guitare et une ou plusieurs voix avec ou sans arrangements. Mais ici, la basse, la guitare ou la boîte à rythme et la voix créent un nouvel assemblage, un tapis sonore qui hante cet album spectral, mais pas fantomatique. Car Colossal Youth marque durablement. Si on ajoute à cela des textes futés (Final Days, Lookin For Mister Right), on assiste à la naissance d’un son qui va ouvrir la voie à d’autres formations qui vont s’affranchir des contraintes du rock comme Eyeless in Gaza, ou faire flirter le genre avec le jazz comme Everything But The Girl.

On citait plus haut la compilation de Cherry Red, Pillows and Prayers qui mettait en avant les groupes suscités ; ça reste un jalon, mais qui ne se manifestera que deux ans plus tard. Une éternité au vu de l’évolution musicale des ces années-là.

Colossal Youth, seul et unique album des Young Marble Giants, fête cette année son 40e anniversaire. Pour marquer l'occasion, le trio de Cardiff sort une réédition spéciale ce 27 novembre. Young Marble Giants - Colossal Youth 40th Anniversary Edition comprend l'album initial ainsi que Salad Days, Is The War Over, le single Final Day le Testcard EP, ainsi qu'un DVD live de leur tout dernier spectacle américain au Hurrah de New York en 1980.

Jean-Pierre Simard le 27/11/2020
Young Marble Giants - Colossal Youth 40th Anniversary Edition - Domino

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