Les visions accompagn(ant-)ées de Wu Tsang

Le travail de Wu Tsang qui comprend installation, performance, réalisation de films et organisation d'événements réinvente les représentations raciales et sexuées pour englober les perspectives, multiples et changeantes, à travers lesquelles nous faisons l'expérience du domaine social. L’activisme élevé au niveau du grand art.

PIE root “to see” est une réplique en petit format d’un escalier utilisé dans le film The show is over,.La sculpture s’inspire du triangle de Penrose dont les côtés, selon le point de vue du·de la spectateur·trice, forment un triangle parfait ou, à l’inverse, se séparent radicalement, créant simultanément une unité et une distance, une connexion et une séparation. Faite d’un mélange d’argile et de pigments bleus (deux matériaux utilisés dans le film), l’œuvre crée un effet qui invoque à la fois le passé et l’avenir, telle une ruine s’effritant, venant hanter et éclairer le futur. PIE root “to see” provoque une vision troublante où les perspectives s’effondrent, tout en évoquant les métaphores et enchevêtrements qui sont au centre de l’exposition.

PIE root “to see” est une réplique en petit format d’un escalier utilisé dans le film The show is over,.

La sculpture s’inspire du triangle de Penrose dont les côtés, selon le point de vue du·de la spectateur·trice, forment un triangle parfait ou, à l’inverse, se séparent radicalement, créant simultanément une unité et une distance, une connexion et une séparation. Faite d’un mélange d’argile et de pigments bleus (deux matériaux utilisés dans le film), l’œuvre crée un effet qui invoque à la fois le passé et l’avenir, telle une ruine s’effritant, venant hanter et éclairer le futur. PIE root “to see” provoque une vision troublante où les perspectives s’effondrent, tout en évoquant les métaphores et enchevêtrements qui sont au centre de l’exposition.

Wu Tsang a obtenu un B.F.A. (2004) de la School of the Art Institute of Chicago et un M.F.A. (2010) de l'Université de Californie à Los Angeles. Parmi les films de Wu Tsang, citons We hold where study (2017), Girl Talk (2015), Damelo Todo (Gimme Everything) (2010) et Shape of a Right Statement (2008). Ses œuvres ont été exposées ou projetées au Gropius Bau à Berlin, la Tate Modern à Londres, la Kunsthalle de Münster, au Stedelijk Museum d’Amsterdam, au Whitney Museum of American Art, au Solomon R. Guggenheim Museum à New York et au Museum of Contemporary Art Chicago, parmi de nombreuses autres institutions nationales et internationales.

Activiste queer, son travail est très souvent le fruit de collaborations, notamment en tant que co-organisatrice d'une boîte de nuit hebdomadaire appelée Wildness, qui a été un point de mire pour l’underground et l'activisme communautaire à Los Angeles. Installé dans un bar gay latino, le Silver Platter, près de MacArthur Park, Wildness a créé un espace libre où les client.e.s de longue date, des personnes de couleur homosexuelles, se sont mélangés à des artistes et des performeur.euse.s. Le long métrage éponyme de 2012 documente cette scène et la négociation perpétuelle des questions de race, de genre et de classe sociale entre les client.e.s, qui se débattent avec les problématiques de gentrification, d'authenticité et de propriété alors qu'ils.elles sont confronté.e.s à des réalités plurielles. Le bar lui-même joue un rôle prépondérant dans le film, servant de narrateur omniscient et incarnant les actes créatifs et performatifs par lesquels la fiction culturelle se forme et s’exprime. L'artiste s’est largement fait connaître en 2012, grâce à ce film, qui avait été présenté pour la première fois au MoMA’s Documentary Fortnight.

Synchronisée à la bande-son de The show is over, projeté un étage plus bas, l’œuvre The more we read all that beauty the more unreadable we are (Plus on lit toute cette beauté, le plus illisible on est) est comme un complément de ce film.Composé de séquences produites ou recueillies durant la réalisation de The show is over, ainsi que d’une série de performances de Moved by the Motion intitulées Compositions (I-IV), ce film rassemble des matériaux variés en un montage invitant le·la spectateur·trice à réfléchir à différents registres cinématographiques, du documentaire à la fiction. Ce film incorpore des extraits d’une interview entre l’écrivain Edward George et le chercheur Dhanveer Brar sur la musique post-coloniale, d’une performance de l’actrice Lena Schwarz interprétant l’actrice américaine Bette Davis, ainsi que d’une interview télévisée de l’écrivain James Baldwin se remémorant ses origines dans le sud des États-Unis. Cette œuvre nous offre une perspective différente sur la pratique de la performance de Moved by the Motion et le travail cinématographique de Wu Tsang, liées par des références partagées.

Synchronisée à la bande-son de The show is over, projeté un étage plus bas, l’œuvre The more we read all that beauty the more unreadable we are (Plus on lit toute cette beauté, le plus illisible on est) est comme un complément de ce film.

Composé de séquences produites ou recueillies durant la réalisation de The show is over, ainsi que d’une série de performances de Moved by the Motion intitulées Compositions (I-IV), ce film rassemble des matériaux variés en un montage invitant le·la spectateur·trice à réfléchir à différents registres cinématographiques, du documentaire à la fiction. Ce film incorpore des extraits d’une interview entre l’écrivain Edward George et le chercheur Dhanveer Brar sur la musique post-coloniale, d’une performance de l’actrice Lena Schwarz interprétant l’actrice américaine Bette Davis, ainsi que d’une interview télévisée de l’écrivain James Baldwin se remémorant ses origines dans le sud des États-Unis. Cette œuvre nous offre une perspective différente sur la pratique de la performance de Moved by the Motion et le travail cinématographique de Wu Tsang, liées par des références partagées.

Sustained Glass (avec Fred Moten, boychild, Lorenzo Moten, Hypatia Vourloumis, et Moved by the Motion)Réalisée avec l’un des derniers producteurs de verre soufflé à la main en Bavière (Allemagne), Sustained Glass inverse la tradition des vitraux mettant en scène des histoires allégoriques. À la place, le verre est illuminé par des textes qui s’effacent et s’altèrent. En produisant une vitre dépolie à l’acide, ce processus corrosif agit comme une métaphore de la toxicité du langage. Le texte est inspiré de pages d’un des derniers livres de Fred Moten, All that Beauty, et de l’essai Sudden Rise at a Given Tune, co écrit notamment avec Wu Tsang et annoté ici par Tosh Basco. L’expérience du public qui découvre Sustained Glass est complétée par la bande-son de The show is over, que l’on entend depuis l’étage inférieur, soulignant le projet commun de ces œuvres d’aborder les relations entre translucidité et opacité.

Sustained Glass (avec Fred Moten, boychild, Lorenzo Moten, Hypatia Vourloumis, et Moved by the Motion)

Réalisée avec l’un des derniers producteurs de verre soufflé à la main en Bavière (Allemagne), Sustained Glass inverse la tradition des vitraux mettant en scène des histoires allégoriques. À la place, le verre est illuminé par des textes qui s’effacent et s’altèrent. En produisant une vitre dépolie à l’acide, ce processus corrosif agit comme une métaphore de la toxicité du langage. Le texte est inspiré de pages d’un des derniers livres de Fred Moten, All that Beauty, et de l’essai Sudden Rise at a Given Tune, co écrit notamment avec Wu Tsang et annoté ici par Tosh Basco. L’expérience du public qui découvre Sustained Glass est complétée par la bande-son de The show is over, que l’on entend depuis l’étage inférieur, soulignant le projet commun de ces œuvres d’aborder les relations entre translucidité et opacité.

En quête de nouvelles formulations artistiques, Wu Tsang s'intéresse à la notion d'espace privé et public et aux safe spaces, comme lieu d'empowerment pour les communautés marginalisées. Toute son œuvre s’arrange pour mettre en défaut les stéréotypes dont sont victimes les personnes transgenres, de couleur et queer en leur dédiant des espaces, de parole, de création pour mieux casser les idées préconçues. Et, dans l’Amérikkke de Trump, il y a fort à faire. Elle habite depuis quelque temps à Zurich.

Jean-Pierre Simard le 21/10/2020
Wu Tsang - Visonary Company - > 03/01/2021

Lafayette Anticipation 9, rue au Plâtre 75004 Paris

The show is over, (Wu Tsang avec Tosh Basco)Mis en scène à partir de fragments du poème « allez, capte! » écrit par un collaborateur de longue date de Wu Tsang – le poète Fred Moten –, The show is over, constitue un mélange d’images, de mouvements et de sons.Dans ce film, la caméra voyage avec fluidité entre chorégraphies individuelles et mouvements de groupe, allant des improvisations musicales aux dispersions organisées en passant par l’ascension d’un triangle de Penrose – un escalier infini qui, selon le point de vue du·de la spectateur·trice, connecte ou sépare les performeur·euse·s. Les corps se déplacent, se rassemblent, se multiplient, disparaissent et réapparaissent dans des environnements souvent obscurs, jusqu’à se retrouver baignés dans de rayonnants faisceaux de lumière. Des vers du poème de Moten – qui médite sur l’in-dissociabilité, la fluidité, les terres humides et la boue dans leurs relations constitutives de la blackness – sont prononcés par les performeur·euse·s.Une phrase récurrente du film, «Le monde est terre sèche, la terre est d’eau», propose un «monde» fait de sociétés et de cultures en relation avec la terre. D’autres performeur·euse·s se déplacent et traînent des corps consentants à travers un espace intérieur constitué d’eau boueuse, entre la mort et la résurrection.

The show is over, (Wu Tsang avec Tosh Basco)

Mis en scène à partir de fragments du poème « allez, capte! » écrit par un collaborateur de longue date de Wu Tsang – le poète Fred Moten –, The show is over, constitue un mélange d’images, de mouvements et de sons.

Dans ce film, la caméra voyage avec fluidité entre chorégraphies individuelles et mouvements de groupe, allant des improvisations musicales aux dispersions organisées en passant par l’ascension d’un triangle de Penrose – un escalier infini qui, selon le point de vue du·de la spectateur·trice, connecte ou sépare les performeur·euse·s. Les corps se déplacent, se rassemblent, se multiplient, disparaissent et réapparaissent dans des environnements souvent obscurs, jusqu’à se retrouver baignés dans de rayonnants faisceaux de lumière. Des vers du poème de Moten – qui médite sur l’in-dissociabilité, la fluidité, les terres humides et la boue dans leurs relations constitutives de la blackness – sont prononcés par les performeur·euse·s.

Une phrase récurrente du film, «Le monde est terre sèche, la terre est d’eau», propose un «monde» fait de sociétés et de cultures en relation avec la terre. D’autres performeur·euse·s se déplacent et traînent des corps consentants à travers un espace intérieur constitué d’eau boueuse, entre la mort et la résurrection.