La forge du social design de Malte Martin à la Maison des Métallos
Sur l’Esplanade Roger Linet, devant la Maison des Métallos, ça travaille dur ! L’inauguration de la cabane est prévue à 18 heures… Malte Martin et son équipe travaillent encore et cela prend une tournure de performance joyeuse. Papier peint à encoller sur la cabane, un arbre qui s’habille de portes-voix, un peu plus tôt confectionnés par les enfants du quartier, lors de l’atelier de l’après-midi : ça colle, ça balaye, ça range et, peu a peu, l’esplanade se remplit de passants du quartier (déjà présents, intrigués ou en balade.)
Malte Martin investit la Maison des Métallos dans le cadre de ce que Stéphanie Aubin (nouvelle directrice de la Maison) appelle les TRANSITIONS (sociales, politiques, artistiques, culturelles…). C’est l’occasion pour lui, d’appréhender une nouvelle fois l’espace public et l’investir avec une rare poésie typographique, architecturale et esthétique. Ce, pour y construire une passerelle entre ce travail qui fait son identité de graphiste et un travail plus intime, plus « intérieur », loin des commanditaires des théâtres ou des enjeux de budget qui viennent souvent contraindre une création (qui n’a pas besoin de cela.)
Il vous dira volontiers que, pour lui, cette invitation est un rêve ! Un mois, un long mois d’expériences, d’ateliers, d’essais, de construction, d’échanges et la possibilité d’inviter d’autres artistes à venir dialoguer avec son travail. Des complices de longues dates aux artistes croisés plus récemment, faire s’élever un projet « total » ; une sorte de pièce qui évoluerait au fur et à mesure du mois avec, comme souhait, de faire découvrir des facettes encore peu connues de son travail à certains.
Malte Martin est en effet ce que l’on appelle aujourd’hui bien volontiers un artiste pluridisciplinaire. Son terrain de jeu s’est étendu. Entre espace public et lieu d’exposition il construit une passerelle qu’empruntent le badaud, celui ou celle de passage, ou l’invité, l’amateur d’art, puis l’habitant.e du quartier, les enfants. Ici, nul n’est tenu à l’écart …
Lors de l’inauguration la « famille » s’étend sur l’esplanade. Les gens se croisent, échangent. Il y ceux qui se connaissent, ceux qui se retrouvent et puis ceux qui jouent, ceux qui découvrent. Et, des découvertes, il y en à faire, comme avec ces mots voyageurs : ceux qu’on utilise tous les jours ici mais qui viennent du monde. Agora, Catastrophe, sieste, bouquin… Cette série affichée une par une chaque jour, rend le passage sur la place unique. Un graphiste invité propose sa version du mot sous des formes typo-graphique poétique et en très grand format. Accompagné de son histoire de voyage, le mot devient non seulement monument dans l’espace, mais aussi monument dans la tête. Et, lorsqu’on le prononcera à nouveau, ou l’écrira, il ne provoquera sans doute plus les mêmes images.
Il faut écrire ici, que tous les mardis soirs du mois seront parsemés de « pour-parler » , comme celui du 17/09 qui partagera les pensées autour du soin et comment le design aujourd’hui se saisit de cette problématique pour tenter une attention singulière aux âges avancés de la vie…Deux vendredis du mois, Les soirées Before reprendront le principe d’un apéro convivial sur l’esplanade et d’une redécouverte renouvelée de l’exposition, fruit du travail de la semaine écoulée. Les ateliers publics, ou dédié aux publics scolaires ponctuent les jours qui défilent, nourrissant l’Agora et le travail poétique de l’artiste.
Tout ce travail devient collectif, et le partage des pratiques du « social design » prend tout son sens, avec les invitations faites directement au public de ré-investir leurs espaces, sinon pour empêcher leur privatisation (en forme de résistance), au moins pour se réapproprier le commun au quotidien, au cœur des espaces que l’on traverse. Une invitation, à s’y arrêter et lever le nez vers les présents que nous offre l’instant. Se rendre disponible à la musique du monde, comme celle que joue l’école d’architecture invitée pour l’occasion et qui donne à l’inauguration un air de fête du village.
Stéphanie Aubin peut être fière de cette initiative qui libère l’artiste et le public. Avec ces CoOps, (coopérative artistique) la liberté se trouve être des deux côtés, tant de celui de l’artiste qui ne se prive de presque rien et ouvre son univers spacieux à tous les publics qui se sentent intégrés, invités, conviés, en étant ce qu’ils sont, variés, diverses, multiples…
Malte Martin s’entoure de son équipe d’Agrafmobile et de Lucile Bataille graphiste talentueuse et sensible pour des ateliers au quotidien ! Il faut y passer, y rester, y gagner un peu son temps ! De notre côté nous y reviendrons pour écouter, re-garder, et vous faire partager dans L’Autre Quotidien un peu de cet espace graphico-poétique ou le contraire en vous encourageant de vous y rendre avant la fin du mois septembre, sans attendre ! À suivre…
Richard Maniere - chronique 1 - le 12/09/19