Enfin vint la rétrospective Dora Maar à Beaubourg !
Si, jusqu’à présent, l’histoire n’a retenu de Dora Maar que son rôle de muse et modèle de Pablo Picasso, avant cela et, même après, elle reste une surréaliste d’envergure, avec plus de cinq cents œuvres et documents présentés qui réaffirment l’envergure et le parcours d’une intellectuelle libre et indépendante. Et fait encore tomber la légende d’un mouvement essentiellement masculin …
D’abord photographe professionnelle et surréaliste, puis peintre, Dora Maar (1907-1997) jouit d’une reconnaissance incontestable que cette rétrospective vous invite à découvrir avec vous invite à découvrir tous les volets de son travail, au travers de plus de cinq cents œuvres et documents.
« À Dora aux visages divers et toujours beaux. »
La dédicace qu’adresse Lise Deharme à son amie Dora Maar dans un exemplaire du Cœur de Pic (1937) résume poétiquement les diverses facettes de sa carrière artistique : entre photographie et peinture, entre révolte surréaliste de jeunesse et introspection existentielle marquant son parcours de peintre après la Seconde Guerre mondiale.
Alors qu’elle reste pour beaucoup le modèle de La femme qui pleure, Dora Maar bénéficie néanmoins depuis un certain temps d’une réception critique et d’une reconnaissance au sein des études dédiées au surréalisme et à la photographie. À ce titre, plusieurs expositions organisées par le Musée national d’art moderne, Explosante fixe ou encore plus récemment La Subversion des images et Voici Paris accordaient une place privilégiée à l’activité surréaliste de Dora Maar, au travers de ses photographies énigmatiques telles le Portrait d’Ubu ou encore Le Simulateur, photomontage entré dans les collections dès 1973. Le don du Simulateur inaugure l’intérêt constant du Centre Pompidou pour l’œuvre photographique de Dora Maar. Les années 1980 et 1990 sont marquées par diverses acquisitions complétées en 2011 par l’entrée de dix tirages de la collection Bouqueret. En 2004, l’achat de son fonds d’atelier, composé de quelque mille huit cent quatre-vingt-dix négatifs et deux cent quatre-vingt tirages contacts fait de l’ensemble conservé au Musée national d’art moderne une des plus importantes collections publiques de l’œuvre de Dora Maar.
La numérisation récente de ses négatifs rend désormais accessible ses travaux à un large public de chercheurs et d’amateurs. Parmi les grands fonds de photographes conservés dans les collections — Brancusi, Brassaï, Eli Lotar, Man Ray –, Dora Maar est la seule à ne pas encore avoir fait l’objet d’un projet de valorisation d’ampleur. Grâce à des archives inédites et à une collaboration scientifique étroite entre les équipes de conservation du Centre Pompidou et du Getty, la rétrospective Dora Maar retrace le parcours de cette artiste indépendante, de ses premières commandes pour la mode et la publicité, en tant que photographe de studio, à ses engagements politiques dont témoignent ses photographies de rue, en passant par sa participation au surréalisme et sa rencontre avec Picasso. Enfin, l’exposition nous offre un éclairage particulier sur son œuvre de peintre, activité à laquelle elle s’est consacrée pendant près de quarante ans ; avant de revenir à la photo dans les années 80.
Victoria Combalia témoigne: « Dora Maar voulut mener de pair sa carrière et sa passion. On peut dire qu’elle échoua sur ces deux plans. Néanmoins, elle réussit à devenir une personne autonome au prix d’une lutte titanesque. Son amour pour Picasso avait été tellement profond que se séparer de lui et de son influence pouvait être aussi difficile que d’abandonner une drogue dure .»
Espérons juste qu’après avoir vu les œuvres, ceux qui ne la voyaient que comme modèle changeront d’angle de vue.
Jean-Pierre Simard le 11/06/19
Dora Maar - Retrospective → 29 juillet 2019
Centre Pompidou - Place Georges Pompidou 75004 Paris