Rammstein : le métal spectaculaire venu de l'Est enchante

Rammstein, sorti le 17 mai dernier, avec ses onze titres, illustré par une allumette sur un fond blanc, s'est emparé de la première place du Top album, une semaine après sa mise en ligne sur les plateformes d'écoute en streaming et en vente en CD. Il détrône PNL dorénavant classé second. Pas mal, après cinq ans sans nouvelles… 

Pour ceux qui ne suivent la scène métal que de très loin, Rammstein, c’est d’abord un son énorme qui colle à la route nocturne du Mulholland Drive pour David Lynch. Puis, un putain de DVD live empli de pyrotechnies diverses et de multiples costumes pour raconter, avec un allant incroyable, des histoires bien glauques, superbement scénarisées (et filmées), jouées par un groupe à la mise en place millimétrée et qui fait monter la pression de titre en titre. La consécration pour un groupe tout sauf anodin. Un grand groupe de métal qui a renouvelé le genre en mêlant prises de position politiques de gauche et thématiques actuelles - le dernier alternant prises de position sur le sentiment patriotique allemand hautement volatile et le tourisme à l’étranger, comme ethnocentrisme à l’œuvre, voire dénoncer de l’église catholique et son hypocrisie notoire. Un septième album avec pas mal de surprises.

Porté par le puissant single Deutschland, dont le clip impressionnant avait fait couler beaucoup d'encre lors de sa parution le jeudi 28 mars - à savoir qu’il a été attaqué pour anti-sémitisme quand il dénonçait simplement les méfaits du nationalisme crétin, cet album pourrait faire date dans l'histoire du groupe allemand en France. Rammstein, formation de metal la plus écoutée dans l'hexagone sur la plateforme Spotify depuis 2017 a vu ses tickets de concerts s’envoler en quelques jours pour La Défense Arena des 28 et 29 juin prochains.


C'est d'ailleurs parce qu'ils sont là où on ne les attendait pas que cet album éponyme est une réussite. En témoigne la chanson Zeig Dich, démarrant sur des choeurs (comme si le groupe Era était venu pour un featuring) et vite rattrapée par un riff de guitare survolté. Un titre à la dimension épique, dont le final confirme l'évolution choisie par le groupe : inviter le chant lyrique dans leur métal trépidant. Constat similaire avec le très surprenant Puppe, qui débute comme une ballade, mais où la voix sortie d'outre-tombe de Till Lindemann finit par nous abasourdir.

Certains ne trouvent pas à leur goût l’approche pop donnée à certains morceaux qui changent de son sur  Ausländer et Sex et prennent l'apparence de titres-hommage à leurs inspirations, avec un penchant électro bas de gamme pour le premier et une structure simpliste pour le second. Quant à Radio, les fans hardcore le trouvent trop pute et attrape couillon (pour avoir servi de promo efficace sur les réseaux sociaux, il y a presque un mois.) Was Ich Liebe et Weit Weg sont dans la lignée de leurs albums précédents : deux titres mélancoliques qui naviguent entre métal industriel et passages en arpèges. Ils entourent Diamant, chanson assez difficile d'accès qui ne se révèle qu’après plusieurs écoutes.

Nous sommes en 2019 et le monde du rock se devant d’être toujours novateur pour durer, on ne verra l’effet produit par le groupe que sur scène où le spectacle imaginé donnera toute sa puissance live. Alors oui, les deux dates parisiennes sont complètes, mais pour vous faire saliver, un petit extrait live pour comprendre comment ça fonctionne. Recommandé.

Jean-Pierre Simard le 29/05/19

Rammstein - Rammstein - Universal