Reverberation, acte II avec les 13th Floor Elevators et leur premier album fabuleux

Avant l’Airplane, le Floyd et peu après les Beatles, un groupe d’Austin qui va chercher sa popularité à San Francisco pour éviter la répression texane met à genoux la scène locale et enregistre en rentrant son premier album: The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators. Dès 1966, le son garage US dévoile toutes les composantes du futur psychédélisme. Mais ils n’en profiteront pas, car le groupe sera harcelé par la police locale, et son chanteur-leader carrément placé sous camisole chimique en hôpital psy… 

Le 13th Floor Elevators est un groupe de rock psychédélique américain, originaire d'Austin au Texas. Il est formé en 1966 par Roky Erickson au chant et à la guitare (ex-membre du groupe The Spades d'Austin), de Ronnie Leatherman à la basse, de John Ike Walton à la batterie, de Stacey Sutherland à la guitare et de Tommy Hall à la cruche électrique (electric jug en anglais), instrument qui contribuait pour beaucoup au son original du groupe. Le groupe tire son nom (qui signifie en français : « l'ascenseur pour le 13e étage ») d'une vieille superstition voulant qu'aux États-Unis, les ascenseurs n'indiquent pas le 13e étage.

Humour tordu, vannes pourries, son inégalé et ouvertures musicales qui sont d’un vrai classicisme rock dans la mise en place et la manière de composer les titres; mais d’un autre côté, d’une totale modernité par l’emploi des instruments et ce qu’on leur fait dire, avec l’emploi y compris d’une cruche (les synthés n’existent pas - mais c’est une jolie approximation) et les guitares d’Erikson et Sutherland qui, partant des canevas blues orthodoxes du jeu à deux guitares (façon Stones) dynamitent carrément le garage et le surf pour l’envoyer dans les étoiles en speedant et en jouant fort; autant sur leur unique tube “You’re Gonna Miss Me “ que sur le titre suivant “Roller Coaster”, avant d’envisager le son psyché que la scène de San Francisco retrouvera un an plus tard sur “Kingdom of Heaven”. Le rock n’avait jamais sonné comme ça, à la fois sauvage et barré comme jamais (sauf peut-être sur quelques titres rockabilly de la fin des 50’s) … Avons-nous là le modèle des futurs Cramps ?

Si on vous en parle aujourd’hui, c’est qu’un nouveau pressage vient de paraître qui en restitue l’espace sonore et la vraie sauvagerie qui bouscule. Ces mecs étaient vraiment (tout à la fois) - cinglés, drogués, visionnaires, puissants et inégalés - juste géniaux. Pour la puissance du son, et l’ouverture des shakras ! Un indispensable de toute discothèque.

Jean-Pierre Simard

The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators. International Artists