Mifune devant et derrière la caméra pour l'Héritage des 500 000

En prologue à la rétrospective en salles de onze films d'Akira Kurosawa avec Toshirō Mifune (restaurés à l'origine par Wild Side à partir d'une numérisation HD de la Toho), Carlotta exhume l'unique film réalisé, produit et interprété par son acteur fétiche, L'héritage des 500 000, inédit en France. 500 000 est le nombre de soldats japonais victimes de la politique impériale dans le Pacifique.

Après une première victoire en 1941-42 aux Philippines où l'action du film se déroule, ils seront décimés par la contre-offensive américaine et locale. Bien qu'il relate une aventurière chasse au trésor, pourquoi ce drame me rappelle-t-il Anatahan, le dernier chef d'œuvre de Josef von Sternberg ? D'une part, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale les Japonais ont du mal à faire une croix sur leur honteuse défaite. D'autre part, là où la seule femme sur une île était convoitée par tous les survivants, ici l'appât du gain joue le même rôle meurtrier. L'or a toujours été un révélateur des pires instincts humains. Dans le film de Mifune, auquel Kurosawa aurait donné moult conseils et confié une grande partie de son équipe habituelle (scénariste, chef op, compositeur, scripte...), l'expédition consiste à retrouver après la guerre un des trésors perdus par l'armée nippone. Si le suspense est fortement entretenu et les rebondissements comme il se doit, on sait évidemment d'avance comment tout finira pour ces hommes en quête des milliers de pièces d’or enfouis dans la jungle..

Le 17 avril ressortent donc en salles L'ange ivre, Chien enragé, Vivre dans la peur, La château de l'Araignée, Les bas-fonds, La forteresse cachée, les salauds dorment en paix, Yojimbo, Sanjuro, Entre le ciel et l'enfer, Barberousse, avec l'immense Toshirō Mifune. Ces fresques historiques et films noirs sont tous de magnifiques drames, authentiques héritiers d'une longue tradition, avant qu'Akira Kurosawa ne devienne le plus américain des cinéastes japonais, les films grandioses de sa dernière période, bien que fascinants, empruntant beaucoup aux sirènes hollywoodiennes !

Jean-Jacques Birgé le 19/04/19