Kim Gordon sort enfin son premier album solo : “No Home Record”

A 66 ans, Kim Gordon publie enfin son premier album solo; un fastueux mélange d’expérimentations pop avec le producteur Justin Raisen (John Cale, Yves Tumor, Ariel Pink, Charli XCX…). De quoi rassurer tous ceux qui furent lassés par son travail en duo  sur trois albums dronesques et furieux avec Bill Nace. 

On rappelle que son autobiographie : Girl in a Band portait un éclairage inédit sur sa vie. Le néophyte connaissait déjà son statut d’icône rock chez Sonic Youth, moins son parcours singulier d’artiste pluridisciplinaire. Car c’est bien aux avant-gardes de la création que l’américaine s’est toujours intéressée. Sa passion adolescente pour le free-jazz, ses études au réputé Otis Art Institute de Los Angeles, ou son premier emploi dans la boutique de posters de Larry Gagosian (célèbre galeriste californien) n’en sont que différents exemples. Mais aujourd’hui, No Home Record brouille savamment les pistes. Si sur Sketch Artist ou Don’t Play It ce sont des basses électroniques vrombissantes qui portent la voix pâle de la chanteuse, AirBnB renoue avec les accordages tonitruants de Sonic Youth. Tandis que sur Paprika Pony ou Cookie Butter, ce sont des samples que n’auraient pas reniés Death Grips qui s’amorcent dans une atmosphère glaciale.

J’imagine qu’on peut dire de moi que je suis une artiste post-conceptuelle qui sort un album solo.
Kim Gordonfrance info)

No Home Record s’avère un album à la fois familier et déroutant, intransigeant mais accessible par différentes portes. Pas la peine d’être un fan des auteurs cultes de Daydream Nation pour l’apprécier, bien au contraire. Le spoken word importé du New York des années 80 est convoqué (« Sketch Artist »), l’electro expérimentale (« Paprika Pony », « Don’t Play It ») le post rock aussi (« Air BnB »), le tout en mode Do It Yourself où les guitares ont la part belle (« Murdered Out », « Earthquake ») et les voix égrènent des litanies existentielles (« Cookie Butter »). Dans tous les cas, on est charmés par cette musique aussi singulière que celle qui l’a imaginée. Kim Gordon forever ! Recommandé, pour le moins … 

Jean-Pierre Simard le 16/10/19

Kim Gordon - No Home Records - Matador/PIAS