Fleurs de mémoire ou la peinture avec Catherine Rey
Les Fleurs de mémoire pourrait être un titre a cette huile sur toile de Katherine Rey, comme une apparition dans un geste organique, interrogeant en soi la naissance de ces images mentales qui affleurent et qui voyagent par le geste pictural dans une authenticité, une sorte de notation poétique, articulant de concert le message qui s’y attache et la joie d’un surgissement des profondeurs de la Psyché.
Anamnèse vécue sans doute comme une révélation portant le chant du mystère picturalement au delà de ses traces dans un être là de la peinture qui fait sens, mystères et punctum*. Quelque chose se passe comme une piqure stimulante à l’énergie active, quelque chose d’un évènement acté retient ma sensibilité et mon intérêt pour ce bouquet de fleurs, qui semble à la fois promesses, remerciements, gratitudes et Regrets, sans que son dynamisme n’effleure ou ne retienne en quoique ce soit son voyage, comme un objet stellaire, une comète traversant mon ciel.
La peinture de Katherine Rey a cette indicible fonction de mettre en mouvement le moi de l’autre vers son centre, (c’est à dire vers ce qui le fonde) une propension à introduire ce dialogue secret avec soi même et ravir l’oeil par toute la présence immédiate de sa peinture dans une proposition globale vive; le voyage vers le centre induisant celui plus secret d’une élévation verticale en même temps, accusant ainsi un triple mouvement, descente en soi dans les profondeurs de la mémoire, retour orphique de l'”objet”, don naturel de sa présence, au delà de l’ombre d’où il s’arrache en force dans sa charge émotionnelle; élément propulseur qui n’est pas seulement du à une volonté, bien plus à un voyage dynamique de l’âme, croisant la peinture où l’image se forme, se charge, s’élabore et devient…
Il n’y a pas de peinture sans le regard de l’autre en soi, de sa sensibilité éveillée, pour qu’il puisse être ce vase qui reçoit et qui s’anime sous la portée de l’enchanteresse beauté. Orphique, le chant de l’invisible voyage s’éveille aux portes de la nuit, argonaute qui traverse les confins de sa terre et s’en revient, messager, afin que s’effectue la naissance du jour. c’est un acte cosmogonique en quelque sorte lié à la naissance conjointe des éléments de sa réalisation et à sa surprenante essence. Messages et messager s’apparentent, se dédoublent, fusent, se dissocient pour mieux s’entendre, s’articuler autour d’un centre invisible mais présent.
Les “objets” qu’il rapporte sont alors des soleils de minuit.
*Le punctum est souvent – mais pas toujours – un détail, quelque chose qui attire votre attention et à partir duquel vous projetez un peu de vous même dans telle ou telle photo.
Cet aspect du détail, je le rapproche du détail en peinture selon Daniel Arasse. Démarche dans laquelle c’est ce détail qui vous touche et qui vous affecte. Dans le détail d’une peinture, le peintre à placé volontairement quelque chose qui éclaire l’oeuvre et lui donne une consistance nouvelle.
Christian Fauré le 29/01/19