James Blake et le carton assuré de “Assume Form”

En duo avec la chanteuse espagnole Rosalia ou le rappeur André 3000, la star discrète de l’électro accouche de son disque le plus pop. Référence artistique majeure, tous les rappeurs en quête de featurings dont Drake ou Travis Scott le sollicitent désormais. Et pourtant, l’artiste maintient malgré tout une signature musicale toujours distinctive. On s’explique.

Avec Assume Form, le chanteur semble avoir trouvé un équilibre, celui d’un artiste audacieux mais qui se confronte désormais à un public très large. Basses 808, cymbales triplées, syncopes : les éléments fondamentaux de la musique trap dominent l’album. Mais les compositions complexes, les effets vocaux, la musicalité nous rappellent sans cesse que nous sommes bien en présence d’un disque de James Blake.

Portant fièrement ses liens avec le monde du rap, Blake fait intervenir Travis Scott, André 3000, ou encore le producteur Metro Boomin. Parmi ces collaborations, c’est peut‐être celle avec l’ex-membre d’Outkast qui ressort le plus. Dans “Where’s The Catch”, le Britannique combine notes délicates de piano et production house, à la Stimming x Lambert. André 3000 y ajoute sa technicité qui fait de lui un des rappeurs les plus reconnus de l’histoire. Les fans les plus puristes du chanteur porteront plutôt leur attention vers “Are You In Love”. Les synthétiseurs puissants, la douce mélodie, la voix falsetto : tous les éléments auraient été réunis pour que ce morceau apparaisse sur Overgrown, son album paru en 2013. Avec “Lullaby For My Insomniac”, morceau largement a capella dans lequel l’artiste superpose sa voix pour créer un chœur quasi angélique, il conclut ce long‐format sur une note onirique et profondément heureuse.

Moins expérimental que ses débuts, Assume Form résonne comme une synthèse parfaite de la direction artistique actuelle de James Blake. L’album d’un artiste sûr de son fait et expérimenté. Assume Form est sans doute son album le plus pop – si ce mot le concernant a encore un sens – et orchestré, avec quelques parties de cordes. Sans vraiment changer sa recette d’une musique atmosphérique à la fois paisible et hallucinée, ses chansons s’y dévoilent plus sereines, moins marquées par l’anxiété. Son duo inattendu avec la très tendance chanteuse de flamenco-R’n’B, Rosalia, 25 ans, est même l’un des pics de l’album. On reparle bientôt de Rosalia … 

Et si vos dimanche hivernaux ont encore un sens, n’hésitez pas; le son un peu brouillard qui monte de certains titres vous rappellera que l’hiver est toujours là, mais facile à combattre, même en MP3.

Jean-Pierre Simard (avec Tsugi et Erwan Perron)

James Blake Assume Form - Universal