Questionner la terre à La Gacilly 1/2

C’est en partant du centre du village du Morbihan de La Gacilly que le visiteur de la trentaine d’expositions avec leurs 600 tirages devra parcourir les différents territoires que met en avant le Festival. En repartant, il prononcera trois fois son nom, en signe de reconnaissance et d’incantation.

Miquel Dewever-Plana

« Chaque esprit se construit une maison au-delà de sa maison, un monde, au-delà de son monde, un paradis. Sache donc que le monde existe pour toi" Ralph Waldo Emerson - Nature.  

Thomas Pesquet

Ce voyage de La Gacilly commence dans l’Espace avec les photographies de Thomas Pesquet, depuis l’ISS et, celles de Sipke Walker cernant l’infiniment petit au microscope, à montrer le balais invisible des structures de la matière. Entre ces deux points de vue, se situe notre Maison, dépendante de la gestion des hommes et des problèmes environnementaux qui s’accélèrent. Hubert Reeves, dans un entretien, déclare que "le festival a une place importante dans la prise de conscience des enjeux actuels et qu’il rend les choses concrètes, et non académiques. "
Plus que cela, devrais-je écrire, vivantes, au-delà du doute, dans les preuves en images que rapportent les photographes de mondes bouleversés, détournés de leur nature profonde, mondes et sociétés qui disparaissent, bio-diversité qui s’appauvrit, portant ces preuves vers l’indubitable constat.

Claudia Andujar

La Complainte amazonienne de Claudia Andujar décrit la tribu des Yanomami aux prises avec les orpailleurs et la déforestation massive, entre Brésil et Vénézuela. Miquel Dewever-Plana s’intéresse dans D’une rive à l’autre à l’identité de cette Guyane touchée par une vague de suicides des jeunes Amérindiens, en perte de leurs traditions. La photographie témoigne, embrasse les pays, William Albert Allard est aux racines d’une Amérique blanche en lien avec les mythologies du cow-Boy et des grands espaces,  Michael Nichols montre les « bêtes sauvages », lions, tigres, éléphants et gorilles, Mathieu Ricard nous offre l’Himalaya bouddhiste, Fausto Podavini décrit la vallée de l’Omo, dans le sud de l’Éthiopie. Chris Jordan s’empare de la surconsommation en montrant accumulations de déchets et aires de stockages, Matjaz Krivic peint une route du lithium dans une exploitation à la chinoise, où le profit est roi.

Miquel Dewever-Plana

Un panorama se crée à travers les chantiers plus ou moins désastreux que les logiques industrielles imposent à la planète, montre un glissement des sociétés vers une uniformisation, un appauvrissement, porte les preuves que tout cela est bien là, mondialement et qu’il est  temps de s’adresser aux volontés et aux fonds, aux pouvoirs qui pourraient permettre de redresser globalement une situation mondiale glissant vers la catastrophe.

©Emmanuele Scorcelletti, Plantations d’arbres en Inde

Au delà de son discours écologique responsable, le Festival est promoteur à travers la Fondation Yves Rocher d’un formidable programme de reboisement de quelques 100 millions d’arbres à travers le monde, d’ici 2020, chiffre astronomique très réconfortant, dont le festival a rendu témoignage à travers les reportages photographiques et les magnifiques images de Brent Stirton en Éthiopie, d'Emmanuele Scorcelletti en Inde et de Phil Moore en France. La joie de l’œuvre irradie ce chemin, des forces s’acheminent pour aider, une force collective s’est crée en Inde pour replanter en quelques temps quelques millions d’arbres. Emmanuele Scorcelletti témoignage: les populations locales ont donné leur aide à ce magnifique programme, ce n’est plus un fantasme mais une réalité espérante, respirante, une réalité collective.

Ainsi, le festival est devenu au fil des ces quinze ans un acteur important, impliqué dans la lutte pour la survie de la Planète et celle de la bio-diversité. Ce festival là, discret et juste, court sous la surface comme un courant vivifiant et heureux, fort, sous celui où s’expose, en surface, la trentaine d’auteur(e)s et d’oeuvres, dans les différentes sections.

Laetitia Vancon

Seconde partie à venir demain. 

Pascal Therme le 7/06/18
Festival La Gacilly Photo - La Terre en questions -> 30/09/18

Josephine Brueder