L'œuvre matrice du Grémillon réécrit par Prévert
Une intense aventure maritime en 1930, dans le milieu du remorquage d’urgence en haute mer.
C’est en lisant ces jours-ci les baroques et pénétrantes aventures maritimes narrées entre autres choses par James Morrow dans son « En remorquant Jéhovah » de 1994, dans lesquelles l’activité de remorquage de haute mer tient justement une place centrale, que m’est revenu en mémoire ce roman de Roger Vercel (en général davantage connu pour son « Capitaine Conan » de 1934).
C’est grâce à Hervé Hamon et à sa magnifique « Abeille d’Ouessant » de 1999 (récit de mer et d’humain dont il faudrait aussi que je vous parle un jour) que j’avais découvert ce « Remorques », un beau jour de 2000. Publié en 1935, « Remorques » propose un intense hommage à la marine marchande, et à l’activité bien particulière que constitue le remorquage d’urgence, avec ses lois, ses usages, ses enjeux financiers, écologiques (même bien avant la lettre) et humains, activité qui avait trouvé un chantre précoce et affûté en la personne du romancier de Dinan, dont une grande partie de l’œuvre littéraire aura été consacrée à la mer et aux marins (c’est d’ailleurs dans l’édition « Romans de la mer et du vent », chez Omnibus, qui regroupe 10 romans différents de l’auteur, que l’on peut actuellement se procurer « Remorques », par exemple ici).
Récit dramatique de remorquage critique dans des conditions de mer plus que délicates, « Remorques » est aussi une histoire d’amitiés et d’amours, possibles et impossibles – et c’est cette partie que mettra beaucoup plus en avant, sans doute, le film tiré du roman en 1941, par Jean Grémillon, dans un scénario largement remanié par Jacques Prévert, avec Michèle Morgan, Jean Gabin et Madeleine Renaud.
La chaussée de Sein. Une chaussée, oui, une route d’écume, une avenue cahoteuse, large de quatre milles et hérissée de milliers de cailloux noirs. Et là-dedans, les entrelacs incohérents des courants et des remous, une sorte de foisonnement de l’eau, d’enchevêtrements absurdes, de retours, de repentirs. Sur les deux bords de cette route, deux rangées de geysers, des arbres d’écume sans cesse renaissants et retombés.
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Roger Vercel - Remorques - Omnibus
Charybde2 le 22/05/18