MA Desheng dessine et sculpte Entre ciel et terre
Entre ciel et terre évoque le lien entre notre gravité et l’immensité d’un univers peuplé de concrétions minérales. Les dessins de MA Desheng y développent cette ligne en proposant des œuvres à la simplicité foudroyante, évoluant d’image en image vers une apothéose figurative.
Cette série contraste avec la précision méticuleuse de sa peinture. Ici, le feutre semble porté par des mouvements aériens, laissant respirer avec grâce la feuille qu’il noircit. Plus que jamais alors, il est question d’équilibre, un saut sans filet, sans retouche possible vers la figuration. Au sein d’îlots formés d’une simple ligne, la pointe de MA Desheng fait émerger les volumes à traits vifs, expulsant des compositions en apesanteur que son esprit rééquilibre en y glissant des pierres obliques, soutiens imaginaires de structures impossibles. À la manière du « miracle » de l’homme, souffle au sein de ces totems minéraux une multitude d’âmes. De simples réunions de cailloux initiaux nous entraînent, au gré des variations, jusqu’aux corps majestueux de femmes golems, images lourdes de leur gravité de corps mondes qui trahissent une sensibilité exacerbée. Des pierres malicieuses qui retranscrivent les lignes de vénus gigognes, cachant en leur sein une vie qui sourd, un magnétisme appelant nécessairement à l’autre. Légèreté du trait acrylique d’un feutre, concrétude pesante du bronze pour en repenser les traits, la pierre devient le vecteur d’une sensualité inédite, charriant dans ses lignes la vibration du désir, la détresse du spectateur esthète face à la beauté hypnotisante de la nature.
En vis-à-vis de ces dessins se dressent des bronzes monumentaux (voir image d'ouverture) qui exorcisent ces images en volume, mais là encore avec une belle singularité qui continue de nous en dire plus sur cet artiste poète. Retrouvant, à travers le bronze, la minéralité, il réplique, en les figeant, les anfractuosités dessinées par le temps et l’érosion, leur imposant, dans cette altération de la matière, une nouvelle temporalité. Si l’on peut y voir des allégories du couple à l’enfant, des corps enlacés ou de simples bustes, l’absence de titres autorise une liberté concrète du regard et ces assemblages se parent dans l’imaginaire de symboles multiples.
En ce sens, Entre Ciel et terre se donne comme une exposition profonde où la méditation silencieuse fait corps avec le désir tangible, où le souffle invisible de l’esprit habite la matérialité brute. Au-delà des paradoxes, MA Desheng prouve une fois encore sa capacité à tenir en équilibre des éléments dont il résout, à travers sa figuration poétique, la contradiction pour lui opposer une sobre et vivace beauté.
Gilles Dalose le 17/04/18
MA Desheng - Entre Ciel et Terre ->21/04/18
Galerie A2Z 24, rue de l’Echaudé 75006 Paris