Lisser le grotesque avec Philippe Mayaux
Après avoir agi comme artiste conceptuel, branché surréalisme et pop art avec des sculptures et des installations bien loufoques, Philippe Mayaux s'occupe aujourd'hui de dessins - quel noir Dessein(s). C'est justement le titre de son dernier ouvrage. Coup d'œil!
Masques hydrocéphales et tapisseries d’écorces, palais roses et saucisses détonantes, pétards mouillés et champignons atomiques, ventres flasques et galantines de viscères, sorbets résille et tortures mortes ; le goût de Philippe Mayaux pour le grotesque et les équivoques plastiques se conjugue au plaisir de faire apparaître de nouvelles images derrière d’autres images.
Ses paysages anthropomorphes sont des exemples de sa volonté d’interroger le regard sur le pouvoir des images capables d’inverser le sens des choses. Tout comme un mot peut en cacher un autre, la facture lisse et appliquée qui caractérise la peinture de Philippe Mayaux ajoute à l’ambivalence de ses représentations composites. L’importance qu’il lui accorde en lien avec ses dessins se confond dans la même impulsion qui met le monde à l’envers, retourne le haut et le bas et abaisse le majeur pour le réduire au mineur et inversement.
« La rencontre fortuite entre une flaque d’eau, une touffe de fourrure et l’encre d’une seiche, emportées par les forces du hasard d’un geste moteur, sont les ingrédients de la soupe primordiale, du bouillon primitif d’où émergea ce bestiaire chimérique, né d’un monde du début où la fonctionnalité n’avait pas encore sélectionné l’élite du vivant et l’ordre de leur rangement. Et dans ce monde erre un observateur qui, pour ainsi dire scientifiquement, étudie cette faune fantastique tel le biologiste dans la jungle et la dessine, la croque afin de la classer plus tard dans son encyclopédie de l’imagination au même titre de ce qui existe déjà, en plus. »
Philippe Mayaux
Félix Guétary le 3/04/18
Desseins de Philippe Mayaux, les Editions de Juillet