En Suspens au BAL, épisode 2/7 - Sébastien Stumpf et Henk Wildschut

Insaisissable, protéiforme, le suspens est aussi ce contre quoi l’image vient buter. Comment en exprimer la matière, la réalité ? Comment représenter l’homme en suspens qui tend à disparaître dans une prolifération et une obsolescence immédiate des images, des discours, des lois, des technologies, indifférentes à son sort ?
Diane Dufour. 

Henk Wildschut, Ville de Calais, Partie Sud, 2016  Henk Wildschut

En second envoi de l'exposition En Suspens du BAL, on vous met un coup de projecteur sur deux autres artistes ici présentés: Henk Wildschut et Sébastien Stumpf, le premier est un photographe hollandais, traitant du passage du temps à Calais avec des clichés qui soulignent l'évolution de la situation au jour le jour dans un jeu glaçant d'apparition/disparition où humains et paysages arrivent, s'installent et sont délogés, leurs refuges démolis ou brûlés; toute trace se dévoilant pour mieux ensuite disparaître. De l'art qui dit son fait à l'actualité, sans chichi, mais avec une immense conviction qu'il faut témoigner pour faire réagir et tenir les gens au courant de l'innommable se propageant ici. De la construction de la jungle à sa démolition et ses diverses reconstructions aujourd'hui éparpillées. 

« J’ai toujours été intéressé par ce que j’appelle les sociétés secondaires, les personnes ou les situations entre deux mondes. Les immigrants illégaux sont les personnes les plus visibles de l’entre deux mondes. À Calais, ils ont laissé leur empreinte. Pour comprendre ce qui se passe dans le monde, vous devez vous rendre à Calais. » Henk Wildschut

 

Calais / Wildschut

"CE QUI EST PERDU, C’EST L’INTERVALLE QUI AURAIT DÛ SE FORMER ENTRE CET HOMME ET SES SEMBLABLES." HANNAH ARENDT

Le second artiste se nomme Sébastien Stumpf. Lui aussi photographe, il est Allemand et plus conceptuel dans son approche qui joue de l'épuisement par répétition pour arriver à l'absurde de situations.  En jouant de décalages absurdes avec des situations intrigantes, il met en question la réalité pour la subvertir et l'ajuster à son propos. Toujours au bord de l'exploit physique et de la performance,  Stumpf oblige  son spectateur à se remettre en question devant ce qui est proposé,  tant cet impossible manifeste se joue de lui. 

Sébastien Stumpf/ Puddles 

Sebastian Stumpf réalise des actions dans l’espace urbain qu’il enregistre à l’aide d’un appareil photo ou d’une caméra. Dans Puddles (2013), son corps immobile et tendu, allongé face contre terre dans une flaque, s’inscrit comme une anomalie dans un environnement entièrement banalisé. Geste affirmatif d’imposition dans la ville, l’action répétée en dix lieux à dix moments devient peu à peu prévisible, mécanique, vaine. Sebastian Stumpf explore ici un état paradoxal entre anonymat et appropriation, métaphore et incarnation, absurdité et résistance.

Sébastien Stumpf / Water Bassins

Edgar Quinquet le 12/02/18
Expo collective En Suspens 2/7 -> 23/05/18
Le BAL
6, impasse de la Défense 75018 Paris