Connaissez-vous le wwoofing ? Ou comment partager le quotidien des fermes bio
Découvrir le WWOOFing à travers dix expériences détaillées et diversifiées.
Connaissez-vous le wwoofing ? Depuis 1971 et sa (presque) formalisation en Grande-Bretagne par Sue Coppard, le mouvement World Wide Opportunities on Organic Farm (nom adopté après l’abandon du précédent, « Working Weekends on Organic Farms », dont la connotation pouvait induire en erreur, à propos notamment du droit de travail) se propose de mettre en relation une exploitante ou un exploitant agricole travaillant en bio, désireux de faire partager leur univers et leur passion et une ou un non-spécialiste, du moment que la curiosité, l’envie d’apprendre, de comprendre, et de donner un coup de main est présente, coup de main compris comme la contrepartie naturelle du gîte et du couvert offerts.
Plus exactement :
Le WWOOFing est défini comme étant des « vacances solidaires actives ». C’est un mouvement mondial qui permet aux volontaires d’aller découvrir le quotidien des fermes biologiques, d’apprendre et de participer bénévolement et librement aux activités d’un hôte qui souhaite partager son univers.
Ce n’est pas du travail au sens légal du terme : aucune obligation de rentabilité, pas de lien de subordination ni de hiérarchie, aucune rémunération, le gîte et le couvert sont offerts par le fermier qui accueille les volontaires.
Habituellement, le contrat moral prévoit que le WOOFeur donne un coup de main de vingt à vingt-cinq heures par semaine avec, en général, deux jours de libres. Nul besoin d’être un jardinier émérite ou un apiculteur patenté, les demandes sont en fonction des aptitudes et envies de chacun, c’est-à-dire des tâches simples, montrées au préalable, ou plus complexes, après formation du WWOOFeur, si ce dernier le souhaite.
S’inscrivant dans un mouvement que l’on devine doucement croissant de recherche d’un sens hors du capitalisme de la consommation et de ses pentes délétères, Jean-Jacques Fasquel, ayant entamé une deuxième vie bien loin de sa première carrière (il vous en dira davantage dans son texte), nous offre de très efficaces et attachants « Carnets de WWOOFing », pour inaugurer la nouvelle collection Champs d’action des éditions Terre vivante, émanation de la SCOP du même nom, qui popularise depuis plusieurs années, depuis son domaine en Isère, des méthodes agricoles alternatives et non destructrices. Petit livre superbement illustré de dessins et de photographies jouant du vert et du sépia, nourri aussi bien de conseils pratiques et d’explications particulièrement claires à destination des néophytes intéressés, mais aussi et surtout d’échanges passionnants issus des dix rencontres racontées par l’auteur, ces « Carnets de WOOFing » nous emmènent tour à tour en Bretagne, en Catalogne, dans le Tarn, dans les Cévennes, dans le Vaucluse ou en Normandie (pour des raisons compréhensibles de cohérence carbone, l’auteur n’a expérimenté qu’une seule fois une destination lointaine, profitant d’un voyage organisé par ailleurs aux États-Unis, et raconte avec un certain humour ce rare fiasco tragi-comique), pour y pratiquer le maraîchage, la boulange, la viticulture, l’apiculture, l’aviculture, la fabrication de fromages ou encore la construction en paille. Gérant superbement l’équilibre entre les recommandations (très) pratiques pour organiser à mieux ces séjours de découverte pas vraiment comme les autres et le récit de rencontres humaines précieuses, Jean-Jacques Fasquel nous propose de surcroît, en fin d’ouvrage, une astucieuse petite bibliographie, aussi bien technique que littéraire, pour s’insérer encore mieux dans un mouvement ouvert, aux facettes aussi nombreuses que ses pratiquantes et pratiquants.
Carnets de wwoofing de Jean-Jacques Fasquel, éditions Terre Vivante, collection Champs d’action
Charybde2 le 28/11/18
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