Jan Fabre vous invite 24 heures sur l'Olympe
Avec des chorégraphies et des mises en scène baston et beaucoup de nu, on débarque souvent interloqué dans les spectacles au long cours du Flamand Jan Fabre. Entre danse, installation et performance, il déconstruit depuis les lustres les codes de la danse moderne. Avec "Mount Olympus", créé à Berlin en juin 2015, le spectacle convoque cette fois les héros des tragédies grecques en s’inspirant d’Eschyle, Sophocle et Euripide. Jan Fabre l'a co-écrit avec un autre flamand, Jeroen Olyslaegers.
Durant 24 heures, en six parties et quatorze chapitres, quatre générations de 27 artistes performers déconstruisent toutes les conventions scéniques. Interprètes, machinistes et dramaturges dorment, rêvent et s’éveillent sur le plateau. 24h c’est un tout, c’est le jour et la nuit. C’est à la fois le temps du travail, du repos, des repas, du sommeil et de la plupart des actions. La scène agit comme le miroir déformant de la face la plus sombre de l’humanité. Ce projet monumental est une expérience hors limite et unique à découvrir dans l’architecture de verre et de fer de la grande halle de La Villette.
A l’heure de l’humanité et à la naissance de la tragédie dans ses formes les plus fondamentales : mutilation, obscénité, purification, Mount Olympus, glorifie le culte de théâtre grec premier avec un morceau d’histoire qui prend vie au fil d’un jour et d’une nuit. Nous reconnaissons les grandes lignes de l’histoire et des personnages de la tragédie grecque, de près ou de loin. Fabre fait ressortir les failles de ces personnages jusqu’à ce qu’ils soient laissés en lambeaux, brisés par la violence, les rires homériques et l’extase.
Mount Olympus ne se veut pas une simple amplification moderne de la tragédie, mais plus une recherche sur l’impossibilité de représenter ce qui nous affaiblit et nous rend fort à nouveau. À côté de la tragédie, le temps joue également un rôle de premier plan. Quel est la notion de temps dans le théâtre ? Que se passe-t-il lorsque le temps est étiré ? Est-on dans un rêve, une hallucination ? Jan Fabre intensifie le moment présent, l’éternel ici et maintenant du théâtre, dans un tourbillon d’images qui entraine le public dans son propre mode temporel, un labyrinthe du temps.
Pour montrer toutes les dimensions de son travail de théâtre, Jan Fabre a fait appel à 27 artistes de quatre générations différentes. Les interprètes y utilisent un langage où les hésitations, les silences et les hurlements sont aussi signifiants que les mots. Ils y dansent et se déplacent comme mus par une véritable force intérieure. Ils se réveillent et dorment sur scène. Fabre y construit et pilote ainsi ses images hors de leurs rêves volés, 24 heures durant, et le résultat se pose aussi commeun hommage à leur beauté profonde.
Mount Olympus de Jan Fabre 15/09/17
Grande Halle de la Villette, porte de Pantin 75019