Les inénarrables selfies de Martin Parr
Reconnu comme roi du kitsch photographique à plus d'un titre, Martin Parr vient de republier une édition augmentée d'un livre dont il est l'unique et seul motif. Joyau de pop culture avariée, c'est une bible de ce qu'il faut éviter. Et c'est grandiose. As usual !
Martin Parr
Avant l'existence des selfies sur smartphone et de leurs inénarrables pieds, pour prendre une photo, on s'asseyait tranquillement dans un coin avec son retardateur ou on allait chez le photographe se faire tirer le portrait. Et tous avaient leur truc pour faire exotique, pour simuler l'ailleurs ou l'étrange. L'exemple type étant Francesca Woodman qui travaillait avec tout un appareillage pour balancer ses illusions avec une démarche immédiatement reconnaissable..
Martin Parr
Depuis 30 ans, Martin Parr de Magnum a aussi utilisé ces faux-fuyants pour flasher les gens dans des situations incongrues et des studios de fortune tout autour du monde, sans jamais s'oublier au passage. Ce projet à long terme est devenu un livre célébré à sa sortie en 2000 et il ressorti augmenté en 2015 de nouveaux clichés, car Parr n'a jamais levé le pied sur le sujet.
Martin Parr
Autoportrait reste un must pour tous les fans de son humour incongru et décalé à l'auto-ironie perçante dans la profondeur du ridicule déployé. Parr y assume des postures statiques où il n'arbore jamais le moindre sourire, réalisant ainsi un travail d'archéologue des plus mauvaises images de la culture pop au fil des ans et des continents, passant sans encombre d'un cliché à l'autre, d'une vue victorienne à sa représentation en Monsieur Univers, voire à des plans retouchés en studio, façon Harcourt… C'est à se plier tout du long et manifeste une certaine distance avec la volonté de représentation en cours, arrivée à l'avènement des smartphones qui ont rendu le moindre crétin photographe… Check the difference !
Martin Parr
Même la couverture du livre se la joue pop à donf, puisqu'elle s'avère un jeu en 3D dont le but, en manipulant et tordant le livre (souple) est de placer une bille au centre du visage de son auteur.
Martin Parr
Jean-Pierre Simard le 31/08/17
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Autoportrait de Martin Parr - Dewi Lewis Publishing
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