En Gironde, d'une île l'autre sur l'estuaire

Dans l'estuaire de la Gironde, une île apparaît et disparaît au fil des marées. Elle offre l'occasion à Maitetxu Etcheverria de se poser, en images, des questions sur notre rapport à la terre comme au temps.

Aline, vendangeuse se baignant dans la Gironde, Ile Margaux © Maitetxu Etcheverria

A quelques kilomètres de Bordeaux, l'estuaire de la Gironde abrite un chapelet d'îles dont le rivière et ses marées ponctuent la vie des hommes. il y a trois ans de cela, l'île de Trompeloup y a disparu, près de Pauillac. Ce fut le point de départ de cette série, car j'étais familière des lieux depuis des années. 

Islands of the Gironde estuary, Bordeaux, France © Maitetxu Etcheverria

A bien regarder les mutations de la rivière, elles deviennent la pulsation de la vie du territoire.

Les submersions sont fréquentes, et certaines îles émergent quand d'autres sombrent. L'apparition continuelle de nouveaux bancs de sable fait évoluer les canaux de navigation et des brèches apparaissent sur les berges pendant les gros orages qui réinventent sans cesse la cartographie des lieux.

Ile Margaux © Maitetxu Etcheverria

La constante métamorphose du site fait que les habitants vont et viennent en conséquence. Les vendanges sont d'ailleurs une excellente occasion pour les saisonniers qui y travaillent de faire l'expérience de l'île.

Jeanne, vendangeuse, Ile Margaux © Maitetxu Etcheverria

Il y a très longtemps, ces îles servaient de pâture, puis au XIXe siècle, les vignerons les ont transformés en vigne, avec six cents résidents. Mais depuis le siècle dernier, la vigne a laissé place à des cultures céréalières qui nécessitent moins de traitements. Cela a entraîné une exode de la population et un entretien moins constant des berges. Abandonnées pendant des lustres,  ces îles redeviennent aujourd'hui autant des lieux touristiques que de culture et de projets environnementaux.

Ile Nouvelle © Maitetxu Etcheverria

D'île en île propose un dialogue visuel entre ces îles en perpétuelle évolution et les jeunes fermiers qui y résident périodiquement. Elle prend la forme d'une investigation poétique mêlant portraits, natures mortes et paysages dont les images interrogent la relation entre l'individu et son environnement.

Gabriel, vigneronCharliel, wine maker, Ile Margaux © Maitetxu Etcheverria, Ile du Nord © Maitetxu Etcheverria

Saisis au repos, les jeunes modèles semblent partager la même connexion avec la nature.  Souvent nomades, ils expérimentent ce moment sur les îles comme parenthèse dans leurs déplacements, comme une période de réflexion intérieure. La série des images des îles de l'estuaire - territoire en perpétuel restructuration, par l'oubli et les retrouvailles - questionne,  dans un sens plus large, notre relation à la terre et au temps. 

Charliel, vigneron , Ile Margaux © Maitetxu Etcheverria

Un jour ça émerge, et puis ça monte, la végétation s’accroche, les vases se fixent, l’île se met à respirer ; on lui donne un nom, on y débarque, on l’endigue, on la peuple, on la cultive, plus tard on la délaisse, on l’abandonne, on y revient.

Eric Audinet dans l’Estuaire, rivière de Gironde

Voyages Insulaires Maitetxu Etcheverria

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Ile Nouvelle © Maitetxu Etcheverria

Ile Verte © Maitetxu Etcheverria