Le Makossa du Cameroun 70's en état de grâce
Avant, bien avant que Michael Jackson n'achète un (grand) appartement à Manu Dibango en dédommagement du piratage de Soul Makossa - défendu en cour à Los Angeles comme "traditionnel africain" par les avocats du pop king…, la pop camerounaise se portait bien, très bien même. Sauf qu'on n'en avait que de lointains échos dans les boîtes africaines de Paris. C'était avant les années 80 et les radios libres… Petit retour en arrière, grâce à Analog Africa.
En 2009, Samy Ben Redjeb du label Analog Africa est parti au Cameroun pour rechercher les traces de la vague makossa et il en tiré cette compile : Pop Makossa: The Invasive Dance Beat of Cameroon 1976–1984 qui aligne funk et disco construits à partir de ce qui s'avère être à l'origine une danse funéraire. Un rythme qui s'est offert un lifting pour entrer dans la modernité et percer à l'Ouest. Soit, une compile de 12 titres qui permettent de découvrir aussi bien le prodige adolescent Bill Loko, que le producteur Mystic Djim et le tube tracteur des Dream Stars: Pop Makossa Invasion.
Ensuite, Déni Shain repartit au Cameroun pour obtenir les droits des titres, interviewer les musiciens et récupérer pochettes et photographies d'époque, effectuant un voyage qui l'emmena de Douala à Yaoundé et lui permit de rencontrer les protagonistes de l'histoire et de comprendre les raisons du succès d'un genre musical. Le makossa trouve ses racines dans les rythmes funéraires des peuples Sawa, Ambassey, Bolobo, Assiko et Essewé, mais il ne trouve sa forme moderne qu'en rencontrant en ville le high-life, la rumba congolaise, le merengué avant de se fondre dans le funk et la disco.
Le compilateur affirme sans sourciller que le makossa a uni le Cameroun avant le football (et Yannick Noah) à cause de sa malléabilité. Et c'est vrai qu'il tourne aussi bien avec des guitares funky qu'avec la carte space qu'il a commencé à jouer avec l'arrivée des synthés. Mais restons calme, c'est le son de basse qui fait tout, voire le Yaoundé Girls de Mystic Djim ou les lignes disco liquides du Sekele Movement de Pasteur Lappé, De quoi comprendre pourquoi les bassistes camerounais sont parmi les plus recherchés au monde (Hello Hilaire Penda !)
Mais c'est uniquement après avoir trouvé un inédit - même là bas - que la compile fut complétée, avec la découverte de Pop Makossa Invasion. Après neuf ans de recherche… Et là, on a fait le tour du propos. Et vous, de commencer à faire le ventilateur ou tout ce qui vous semblera adéquat pour tenir le rythme… Grave de groove, et basta !
Jean-Pierre Simard le 16/06/17
Pop Makossa: The Invasive Dance Beat of Cameroon 1976–1984 Analog Africa /Forced Exposure