Discothèque idéale : Nick Drake, Five Leaves Left

Il faut toujours en venir à une petite disco de l'île déserte. Le genre de truc pas forcément avouable qui fait se côtoyer des albums impossibles que le souvenir à magnifié car ils correspondent à un moment de vie perso et puis des albums qu'il faudra bien découvrir un jour. Comme celui-ci, le totalement étrange et magnifique Five Leaves Left de Nick Drake.

Et c'est exactement ce à quoi se sont colletés Alain Hertay et Alain Pire pour la collection Discogonie des éditions Densité avec le titre éponyme qui l'annoncent ainsi :

"Nick Drake, le génie fragile", "Nick Drake, la face cachée du soleil », « Nick Drake, le Van Gogh de la musique »... Il est toujours délicat de se pencher sur l’œuvre d’un artiste qui suscite, depuis une bonne quinzaine d’années maintenant, une véritable mythologie, comme en témoignent les quelques titres d’ouvrages et d’articles qui précèdent. Bien des éléments y contribuent cependant. La brève existence de Nick Drake, décédé à l’âge de vingt-six ans en 1974 d’une surdose d’anti-dépresseurs, l’absence d’images filmées le représentant, les nombreuses zones d’ombre concernant sa vie sociale et amoureuse, le legs enfin de trois albums miraculeux, Five Leaves Left, Bryter Layter, Pink Moon, oubliés pendant plusieurs dizaines d’années et redécouverts tardivement grâce à une publicité Volkswagen largement diffusée sur Internet en 1999.

Ce succès posthume a contribué à forger un culte autour du chanteur et de sa musique. Cette aura a fréquemment tendance à brouiller la perception de son travail, à en donner une image biaisée où s’entremêlent faits et rumeurs, et incite à voir en lui un artiste œuvrant dans l’isolement le plus absolu.

En 70 pages bienserrées, on assiste à la gestation de l'album avec une interview du producteur Joe Boyd (découvreur entre autre du Floyd et animateur de l'UFO, le premier club hippie de Londres), un titre à titre bien costaud et détaillé et les raisons de l'effacement du disque, par absence de live et ventes cata à l'époque, avec moins de 2000 copies…  Mazis depuis, le mythe est né et les compilations sont là. Une porte d'entrée à l'œuvre. Poussez-là !

Cette série d'ouvrages qui met en avant des albums phare est à ranger dans la discothèque, à côté des Rock Bottom, Loveless, Pornography, Harvest et Ok Computer. Avec ceux-ci, vous pourrez aimer et détester, mais en sachant pourquoi.

Jean-Pierre Simard le 17/05/17

Nick Drake Five Leaves Left de Alain Hertay et Alain Pire, collection Discogonie, éditions Densité