Gu Xiaoping fait vibrer les lignes de la calligraphie
A2Z Art Gallery accueille l’artiste chinois Gu Xiaoping qui réfléchit sur la condition de l’homme à travers la multiplication de la ligne tracée à l’encre de chine. Une rupture face à l’univers traditionnel de la calligraphie et la peinture de paysage chinoises. A secouer les lignes, on découvre d'autres et intenses vibrations. Détails.
Des lignes. Des centaines de lignes dessinées à l’encre de Chine recouvrent la toile ou la feuille de papier de riz, parallèles et serrées les unes contre les autres. À l’obsession, jusqu’à ce que cette répétition du même geste reproduisant chaque ligne avec un début et une fin extrait Gu Xiaoping de ce monde pour le plonger dans un état second, concentré sur son intériorité. On ne peut que penser à Sisyphe poussant à l’infini ce rocher condamné à retomber en bas de la colline.
Si l’artiste appelle ces œuvres Ink Lines in Motion, cette idée de mouvement et de liberté par rapport à un mode opératoire contraignant est ici dépassée par son geste. Comme une hyperbole traduisant une normalisation de la pensée d’une société amenée à consommer des produits en série. Le monde industriel en est réduit à la reproduction massive d’objets impersonnels, nous faisant glisser dans le moule de la standardisation et l’artiste, tel une vigie ou un oracle des temps moderne, nous le signifie. Gu Xiaoping se pose en observateur de la mutation de la société chinoise depuis les années 1990, même s'il a initié cette rechercheil y a 5 ans seulement, en quittant Nanjing pour Beijing. Là, où il s'est frotté à des facettes de l’art contemporain qu’il ne connaissait pas. Lui qui multipliait les médiums tels que la performance, l’installation, la photographie, la vidéo et la peinture s’est mis à l’écart de cette mouvance pour initier de nouvelles exploration et expérimentation. Aujourd’hui, il déconstruit le rapport entre l’image et le sens pour introduire une nouvelle voie où se croisent deux mouvements complémentaires : l’abstraction de soi pour le peintre, afin d’effacer les passions aliénantes, et le rapport méditatif à l’œuvre pour le spectateur, pour prendre conscience des vertiges de ce monde contemporain. Ses peintures sont de véritables « murmures », comme les définit le théoricien Wang Min’an.
Friedrich Angel le 14/05/17 (avec galerie)
Gu Xiaoping - Strictes Vibrations -> 10/06/017
A2Z ART GALLERY - 24, rue de l'Echaudé Paris 75006