Pat Andrea fait basculer la réalité dans sa peinture
Pat Andrea, en ange du bizarre, peint avec un œil très très subjectif. Cela tombe bien, il était dans les années 70, un des principaux représentants de la Nouvelle Subjectivité avec Sam Szafran et David Hockney. Il avoue se situer entre Bacon et Balthus. Mais pour certaines toiles et dessins, on dira qu'il a bien regardé Botero aussi… Petit parcours dans l'œuvre de celui qui affirme : L’homme bouge, l’homme pense, l’homme est aussi la proie de pulsions sexuelles. Comment ne pas les prendre en compte ?
De 1960 à 1965, Pat Andrea étudie à l'Académie royale des Beaux-Arts de La Haye. Soutenu par Jean Clair, il expose à Paris pour la première fois en 1976, puis l'année suivante, le célèbre critique l'invite à nouveau pour l'exposition “La nouvelle subjectivité” au Festival d'automne à Paris avec, notamment, Jim Dine, Ronald B. Kitaj, David Hockney, Sam Szafran, Raymond Mason. Ces artistes internationaux partagent la même approche en proposant une image différente de la réalité.
Andrea développe depuis une œuvre figurative et énigmatique, dont émane une symbolique puissante. La plupart de ses tableaux mettent en scène des huis clos aux formes géométriques épurées ; tapissés de couleurs crues, ils constituent les décors favoris du peintre, qui estime que « les paysages défont les relations humaines », au sein desquels évoluent des personnages, souvent féminins, dont l’érotisme évident n’en est pas moins étrange, voire effrayant. Sexe, violence et mort sont les thèmes récurrents de son imaginaire.
Je pense que formellement mon travail n’a jamais connu de coupures. De 1963, date à laquelle j’ai reçu mon premier grand prix (celui de l’Académie Royale), jusqu’à maintenant, j’ai développé une figuration qui au départ se veut réaliste mais s’avère vite ne pouvoir l’être. Le réalisme très poussé, que l’on trouve notamment dans les écoles de peinture hollandaise, ce n’est pas ce que je souhaitais faire. De ce point de vue, je me sens assez proche d’un Max Beckmann, pour moi l’un des très grands peintres du XXe siècle, lui aussi admiratif des anciens, ou d’Otto Dix. Pat Andrea
Il voyage beaucoup en Amérique Latine et séjourne régulièrement à Buenos Aires. À partir de 1989, il exécute ses premières sculptures. Il enseigne à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris de 1998 à 2007. En 2002, il est élu membre correspondant à l'Académie des Beaux-Arts. A partir de 2003, il commence à travailler, sur la demande de l'éditrice Diane de Selliers, à l'illustration de deux contes de Lewis Carroll : Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir.
Se situant lui-même “entre Bacon et Balthus”, Pat Andrea a développé une œuvre créant un univers immédiatement reconnaissable, issue d'une vision figurative alternative. C'est bien là tout son intérêt qu'il développe entre dessin, peinture et sculpture…
Ce que je veux, c’est saisir des images qui tentent de rivaliser avec celles de peintres que j’admire, je pense par exemple aux Primitifs flamands comme Van Eyck, Van der Weyden, ou à Goya. Très tôt, j’ai peint des personnages en proie à de petites catastrophes dans l’espace. Il s’agissait de gens qui perdaient l’équilibre, qui tombaient ou laissaient choir quelque objet, qui étaient agressés par un chien, qui fuyaient de peur... Ce qui m’intéresse et que je cherche à restituer sur la toile ou le papier, c’est toujours le moment où une situation change, se renverse, l’instant où quelque chose bascule et provoque un nouvel état des choses et des êtres. Il me faut, partant de modèles anciens, produire des images résolument modernes.