Les 40 ans de Wire avec Silver/Lead

Quarante ans après avoir inventé le post-punk, Wire sort un nouvel album pour l'occasion. Ce Silver/Lead risque ce connaître le même succès que les trois précédents qui ont enfin assis la réputation du groupe, autant discographiquement que scéniquement. Qui l'eut crû ? Voir un jour Wire vendre enfin des disques… Détails. 

Si le premier envoi du groupe marquait un sans faute et leur première incarnation avec Pink Flag, Chairs Missings et 154, ils y ont mis au point les paramètres d'un son, parti du punk sec et nerveux, autant que minimaliste pour aborder, avec l'électronique, des contrées proches de celles du Syd Barrett solo. Et, de ce grand écart, ils ont construit des faisceaux de possibles, sur lesquels ils travaillent encore. A croire qu'ils étaient bons, puisque les disques suivent et ne se ressemblent pas. Colin Newman ne voulant jamais repasser sur les brisées précédentes.

Silver/Lead arrive après le mini-album de 2016 Nocturnal Koreans. Colin Newman et Matt Simms y échangent des parties de guitare tour à tour déchiquetées puis lumineuses, soutenus par les paroles toujours aussi cryptiques et frappées du bassiste Graham Lewis et que Robert Grey ne change en rien ses habitudes de frappe minimalistes. Ce faisant, le son Wire est là, éclatant de concision, car la production de Newman y fait bruisser la moindre intervention de chacun avec netteté. Passant des clins d'yeux glam à la T-Rex sur Diamonds in Cups, ou le très atmosphérique This Time, jouant d'une certaine menace sur le titre d'ouverture (somptueux)  Playing Harp for the Fishes ou s'aventurant dans la pop rythmiquement hasardeuse de Short Elevated Period. C'est copieux. Et on vous laisse découvrir seul le final. Juste pour voir … 

C'est finalement assez super qu'un tel groupe trouve la reconnaissance auprès de nouveaux publics, après avoir été les mentors de gens comme Blur, Sonic Youth, R.E.M. et les Savages. Peut-être cela tient-il à la volonté du groupe d'éviter les répétitions de formules ou de s'appuyer sur le fonds de catalogue ( plutôt génial ma foi!). Mais comme le mot d'ordre reste : droit devant!, peu de chance de les voir mouliner live uniquement Ex-Lion Timer, I Am the Fly ou I Should Have Known Better comme morceaux de choix en 2017. Et c'est tant mieux car, dans les bons jours, ce n'est pas qu'ils assurent, c'est plutôt qu'ils sont inégalables. Essayez … 

Jean-Pierre Simard le 27/03/17

Wire – Silver/Lead (Pinkflag)