What do you Fink du Sunday Night Blues Club ?

Depuis la sortie de Biscuits for Breakfast, chez Ninja Tune, en 2006, Fink est devenu auteur-compositeur, là où auparavant il était DJ-producteur tout électro. Et s'il utilise toujours l'électronique dans ses compositions, il est une des rares à la tirer vers le blues. Cette fois, il a même décidé de sortir sur son propre label, toute une série d'albums du genre qui vont de pair avec son travail de compositeur pour Amy Winehouse, Andre 3000 ou John Legend…  

Fink, de son vrai nom Fin Greenall

Son dernier album, en date de 2014 Hard Believer, s'intéressait déjà au blues, en le mêlant à l'americana. Mais l'actuel Sunday Night Blues Club est voulu comme le retour au " vrai truc". Comme sur le précédent, on se laisse prendre par de belles vagues sonores qui viennent enluminer le style dit authentique qui se profile.

Pourtant, de Little Axe à Moby, cette façon de procéder a déjà connue son heure de gloire à la fin des années 90; en jouant sur la réverb et les effets pour produire un son tout en résonances, pas loin des critères de l'ambient. Fink s'appuie bien sur un jeu de guitareaussi éloquent que précis, comme sur : “Boneyard” avec une belle slide ou sur de l'harmonicasur “Hour Golden”.
Et bizarrement alors qu'il est reconnu comme auteur et compositeur, il n'y a pas grand chose d'autres que des phrases montées en mode répétition sur les titres qui privilégient le son plutôt que le sens. Bizarre pour un album de blues …

Fink’s Sunday Night Blues Club, vol.1 exhale les harmonies du cigarette et de whisky, telles que vécues dans le moindre juke joint du Delta. Les huit compositions préfèrent ici les sons authentiques et bruts aux rondeurs habituelles, souvent enveloppées de riches arrangements. Accompagné par David Shirley (batteur de la Nouvelle Orléans) etColin Stetson (multi instrumentiste bien connu des amateurs du catalogue Constellation) porteur d’arrangements aussi discrets qu’indispensables (‘She Was Right’, ‘Hard To See You Happy’), Fink concrétise le rêve de s’immerger dans les ambiances chères aux John Lee Hooker et Chuck Berry, qu’il affectionne tant.

Après 2013 et la sortie de l'intéressant Fink Meets The Royal Concertgebouw Orchestra, qui revisitait ses titres avec des arrangements classiques Fink voulait passer à autre chose. De Hard Beliver à Fink’s Sunday Night Blues Club, vol.1 on sent le cheminement, mais ce premier volume - voulu comme un interlude entre ses autres productions ( nouveau disque en trio et carrière de DJ sous le pseudo de Sideshow) - sent un peu la précipitation. On y retrouve bien la voix attachante du sieur et le son qui le caractérise, mais il manque une dimension et un peu de profondeur pour nous convaincre tout à fait.

C'est l'histoire du fan qui se retrouve devant le verre à moitié plein. Et donc, il se plaint se retrouvant avec l'applaudimètre en panne. Bizarre qu'avec ce qu'il fait si bien, il se soit castré pour rentrer dans un schéma obsolète. Non ? Pourquoi n'a-t-il pas violenté la forme qui, après tout, ne demande que ça, depuis le british blues boom et 1964 ?

Jean-Pierre Simard

 

FinkFink’s Sunday Night Blues Club, vol. 1 (2017)- R’Coup’D/Ninja Tune