Quand Jean-Yves Cousseau fait rouiller ses photos
Jean-Yves Cousseau pense avoir trouvé une réponse à la question : comment faire revivre une explosante-fixe ? A savoir, comment redonner un passage au temps dans la photo et son immuable cliché figé? A grands coup d'installations, de vidéos et de tirages lissés/délavés par de fréquents séjours dans l'eau et de diverses oxydations, il offre une nouvelle approche. Un peu de détails pour mieux voir de quoi il retourne.
Devenue une des bases de son travail de création, il soumet ses photographies à des séjours dans l’eau, à la lumière du jour et de la nuit, aux intempéries, les faisant virer d’états en états successifs, modifiées par des dépôts organiques et par des phénomènes chimiques. Le temps vient alors poser son empreinte et charger l’œuvre d’une nouvelle mémoire. Comme un peintre viendrait charger sa toile, reprendre son travail, dans la recherche inlassable de la maîtrise de l’aléatoire, d’un aboutissement accepté, Cousseau dit vouloir que ses « images connaissent des métamorphoses qui les libèrent de leur terrible fixité. Que la photographie qui toujours parle au passé – cela a été – s’expose aux vicissitudes du présent ».
Jean Yves Cousseau vit et travaille en région parisienne. Graphiste et plasticien, Il est engagé depuis de nombreuses années dans une démarche artistique liée à la photographie et expérimente, au fil des expositions, des publications et des commandes, d’autres supports et modes d’expression tels que la vidéo, l’installation et l’oxydation. Il a exposé à de nombreuses reprises, tant en France qu’à l’étranger (Fotografie Forum, Francfort ; galerie Pennings, Eindhoven ; fondation Pierre-Gianadda, Martigny ; musée de l’Orangerie, Paris ; Musée français de la photographie, Bièvres ; fondation de Coubertin, Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Musée/ muséum départemental de Gap…, pour ne citer que quelques lieux). Il a également publié plusieurs livres, dont Lieux d’écrits (éditions Royaumont, 1987) ou Manière noire (éditions Fage, 2006), et plusieurs catalogues ont été consacrés à son travail, dont Quantités discrètes (Musée/muséum de Gap/éditions Fage, 2007).
Entre photo, vidéo et installations, tout est bon pour marquer le temps - et le faire redémarrer. Qu'il témoigne de l'histoire de l'usine Clément Faugier à Privas en cherchant les traces de vie du lieu ou qu'il oxyde supports et clichés, la résistance au temps est à l'œuvre, et la rouille, dans ce cas, son propos.
Jean-Pierre Simard