Analog Dialog avec le Spectre qui venait du froid

Après Analog Monolog, son premier EP 4 titres sortis en septembre 2016, Yann Levasseur aka  Le Spectre, a sorti son premier album Analog Dialog le 8 décembre dernier. Et on ne peut pas dire qu'il manque de fuite dans les idées pour amener la dark techno sur le dancefloor, mais façon hivernale, à plus de -15° ça fonctionne moins bien… Rave hivernale, mais rave tip top.

En septembre 2016, Le Spectre prend vie avec un EP de quatre instrumentaux, Analog Monolog, dont deux attirent les oreilles du site anglais XLR8R et de la Tsugi Radio. Un an et un remix pour le groupe parisien Frustration plus tard, Le Spectre remonte au front hivernal avec Analog Dialog, mini-album où chacun des huit titres s’invente un monde sonore à part entière, forgé au métal analogique.

Il préfère carrément œuvrer dans la soul électronique à pleurer toutes les larmes de son corps ( Brawl), la cold-wave martiale (The Anger of the Lord), l’électro qui frôle le clash (Why Her), la pop de stade (Number 6), la BO gothique (Deep in the Forest) ou le générique de fin d’une odyssée de l’espèce (Birds and Snakes). A l’écart de la nostalgie facile des années 80 dont il ne sera jamais le énième avatar, Yann choisira le camp du punk hardcore et de la noise que ses oreilles de skater ont toujours préférés à la new-wave. 
 
Exploitant au mieux ses obsessions d’ados et les amitiés liées au skate-park parisien de Jemmapes, il tend le micro à des invités qui donnent vie et relief à son électro-dark comme Francis Mallari du groupe post-punk Rendez-Vous, Olivier Jourdan des défunts mod-poppeux de Hushpuppies, Thomas Czopp du gang punk hardcore Unlogistic et le chanteur R’n’B Kévin Daupin alias DuKe. Autant de voix et de personnalités qui sortent Le Spectre de sa zone d’inconfort, qui soufflent le chaud et l’effroi.


« Ce que j’aime encore et toujours, c’est la noise vénère, une musique pas forcément rapide mais lancinante, qui remplit et alourdit l’espace » clame Le Spectre.

Comme Trentemøller ou Moderat, Yann Levasseur utilise l’électro moins pour faire danser que pour fomenter une pop énergique, sombre, envoutante et sidérante; spectrale dira-t-on. On peut dorénavant patiner sur le dancefloor, sans le faire patiner - mais à la bonne température. Cold as Ice (someday, you'll pay the price). Excellent album qui se découvre peu à peu, si vous n'être pas familier à l'idiome dark. Les autres dansent déjà (au fond des grottes, comme au fond des bois… )  

Jean-Pierre Simard le 18/12/17

Le Spectre - Analog Dialog - Rose Noire Label