Little Axe envoie un drôle de London Blues griffé Chicago
Avant même que Moby n'envoie du blues filtré à la techno, Skip McDonald avait déjà lancé son LIttle Axe sur les ondes et ramassé la mise. C'était il y a 23 ans et depuis, le groupe n'a pas démérité, même si tous ses envois n'ont pas été mémorables. Avec ce London Blues, huitième album, retour aux collaborations fructueuses. Compte-rendu.
Il y a déjà 23 ans, on disait ceci à propos du groupe de Skip McDonald, “The future of blue note… !” - rien moins que l'avenir du blues moderne avec Little Axe. Skip n'était pas vraiment un inconnu pour avoir fait partie du backing band de Sugarhill Gang et coécrit The Message et autres tubes du label. Mais quand il monta Little Axe c'était pour faire autre chose, une adaptation du blues moderne avec les nouvelles ressources, en s'écartant du funk et de la disco habituels à New-York. Il balança une pléiade d'albums sur divers labels Okeh Records, Realworld, On-U Sound et majors (Sony, BMG, Warner, etc.) Tout cela avec le soutien inconditionnel d'Adrian Sherwood, le producteur d'On-U Sound, toujours prompt à faire monter la sauce en mélangeant son gombo à base de blues, gospel, Cajun, dub, et de trip hop: aussi pionnier qu'authentique, London Blues est le huitième album en date.
Réunion de vieux potes, l'album affiche aussi bien la présence de Mark Stewart (Pop Group, Maffia), Doug Wimbish (bassiste de Living Colour), Keith LeBlanc (batteur), Perry Melius (batteur d'African Head Charge) comme de Jeb Loy Nichols à la composition. London Blues est en même temps aussi scotché au blues qu'il affiche cette fois pléthore de langues musicales autochtones. On continue d'y tracer l'axe Nouvelle Orléans/Chicago - mais avec de nombreux détours qui se font sentir au niveau des arrangements - ça ressemble à - mais en fait, pas tout a fait - que c'en est un bonheur (tous avec un casque, SVP!). Clairement, le Skip attend vraiment d'avoir des idées neuves pour entrer en studio et ça se sent.
Et là, on note de nombreuses et géniales saillies créatives et sophistications diverses l'instrumental de “Be Thankful”), le gospel (“Deep River”), les éclats trip hop sur fond d'harmonica blues de (“Next Week Thursday”), comme le Delta blues revu dub de (“When I Rise”). Dorénavant, l'axe du Delta va donc aussi passer par Londres. Je ne comprendrais donc jamais rien à la géographie. Mais je suis sûr d'aimer cet album. Imparable !
Jean-Pierre Simard le 12/12/17
Little Axe - London Blues - Echo Beach