Daniel Clowes descend à Charles Martel

Daniel Clowes, au même titre que Charles Burns ou Chris Ware, l’artiste made in Chicago peut revendiquer un titre rare : celui d’auteur issu du graphisme indé ayant influencé plusieurs générations de dessinateurs de BD et de romans graphiques. La seule différence ? Le géant Clowes, malgré ses tirages et ses trophées, n’avait jamais exposé en Europe. Et hop, on se précipite à la Galerie Martel qui s'est collée à une présentation méthodique de l'œuvre. 

La Galerie Martel présente une sélection de trente ans d'originaux couvrant la carrière de l'artiste, raconteur d’histoires, scénariste de cinéma et inventeur de typos. Cette exposition donne une nouvelle dimension au dernier ouvrage très attendu de Clowes, Patience, un concentré mature de toute son inspiration.

Il s’est fait connaître au tournant des années 1980. Il a joué un rôle majeur dans la reconnaissance de la bande dessinée : Ghost World a été l’un des premiers comics à conquérir les librairies américaines traditionnelles. Il scénarisera le film tiré de la BD - un travail préparatoire à la jaquette du DVD est exposé Galerie Martel. Son thème favori était alors l’adolescence, ses rêves, son mal-être. Aller en fac ou devenir serveuse ? Dans les années 1990, c’est le dilemme de Ghost World. En 2016, ce sera aussi celui de Patience. Après 2000, l’univers de Clowes évolue. L’angoisse change de registre. Voici venir les cheveux gris, les doutes sur la virilité, les certitudes fracassées, les demi-mesures douillettes - qu’incarnent Wilson ou Mister Wonderful. Malédiction ? Peut-être pas... Mais ce qui compte, c’est que Clowes n’a cessé de produire des Great American Comics, comme il y a des Great American Novels. Toute son œuvre peut revendiquer les dernières lignes de Gatsby : «C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé. » (François Landon)

Jean-Pierre Simard

Daniel Clowes  31/01 -> 11/03/17
Galerie Martel, 17, rue Martel 75010 Paris