La pixação, art (brut) brésilien du graffiti

Si la pixação est née pendant les années de dictature à São Paulo, elle est aujourd’hui un cri de révolte des jeunes de la périphérie de la mégalopole (20 millions d’habitants). La pixaçao est un tag (pixos) dont la principale caractéristique n’est pas la subtilité artistique. Il s’agit le plus souvent d’inscriptions en noir (la peinture noire est moins chère), dans une calligraphie particulière, qui serait inspirée de lettres anciennes comme les runes et des typographies utilisées par le heavy metal. Les pixadores peuvent parfois couvrir tous les étages de hauts immeubles, le résultat est alors très impressionnant.

La jonction entre les milieux artistiques et l’univers des pixadores n’est pas évidente. C’est plus souvent l’incompréhension et la haine qui les opposent, comme lorsqu’un groupe de tagueurs attaque l’école des Beaux-Arts ou la biennale de São Paulo (Pixar é rate, correr faz parte).

Mon projet vise à militer en faveur de cet Art à part entière en diffusant des conseils pratiques, au plus grand nombre, sans distinction sociale, raciale ou économique. Pendant plusieurs mois à São Paulo, j’ai ainsi tamponné des schémas explicatifs sur chaque billet de banque rencontré avant de les remettre en circulation. Le geste va bien au delà d’un simple acte de vandalisme à l’encontre de l’argent, valeur suprême de nos sociétés, ou de la citoyenneté ou bien simplement à l’encontre du patrimoine culturel brésilien. La réflexion porte sur le devenir de ce mouvement et les formes nouvelles qu’il pourrait revêtir en se réinventant mouvement généralisé.

 

Pauline Legrand

http://www.paulinelegrand.fr