Maria Usbeck, made in Ecuador via New York
Coup de cœur, un petit ovni musical hispanisant, le Amparo de Maria Usbeck. Bijou pop décalé, bijou bop foutraque ne rentrant dans aucune case, sinon celle des outsiders. Intérêt donc et explication ci dessous.
Maria Usbeck, après avoir dirigé les très new wave Selebrities pendant cinq ans et chanté en anglais à New York, revient avec son premier album solo, Amparo qui la voit retourner à ses racines équatoriennes. Sa langue natale a fait remonter tous les souvenirs de son enfance et les musiques qui lui collaient au corps à l'époque : salsa, merengue, bachata, et musique des Andes. Elle a conçu et enregistré Amparo sur trois ans, au fil de voyage qui l'ont vu passer par l'Equateur, Buenos Aires, Santiago, Barcelone, Lisbonne, Easter Island, le Costa Rica, la Floride, L.A. et Brooklyn. Conçu à l'origine de manière totalement électronique, elle a passé l'hiver dernier à écrire des arrangements en studio avec la productrice Caroline Polachek et l'arrangeur/mixeur Miles Benjamin Anthony Robinson pour que cela sonne vraiment acoustique.
Quelquefois, on a des coups de cœur qui ne s'expliquent pas, une fois c'est Vincent Gallo et ses dérives en BO, une autre c'est Borja Flames ou Mocke… Tous à la recherche d'un idiome propre, des fois en anglais, d'autre instrumental ou encore en espagnol. Mais toujours à la recherche d'une autre lumière qui vient illuminer le son proposé qui ne ressemble à rien de connu, ou alors de loin. Rien qu'à respecter les conventions qui font qu'une chanson reste une chanson, même si elle n'obéit jamais aux règles prescrites par l'industrie du disque qui formate à force de ne plus avoir d'oreilles ou de sens à croire, à vivre ou à s'interdire. Loin de tout encéphalogramme plat, en douce, coulé, à la brasse quasi indienne, les chansons naissent de petits arrangements malicieux, de percussion qui viennent se poser entre les nappes de voix, de guitare, de flûte, de marimba et de piano (Lapislazul).
Pas très formaté, et donc vraiment intéressant, d'autant que la voix superbe avec son léger voile grave charme à tout coup et enchante même des fois, plus sensuelle que volontaire (Jungla Inquieta) - pour l'impression que ta meilleure amie te raconte un truc important que tu piges sans avoir à faire le moindre effort. La vraie proximité, quoi … Et cela créé une sorte de suspension, une nouvelle note diffuse qui s'installe doucement, mais ostinato quand même.
On vient donc de se trouver une nouvelle amie qui nous susurre de sa voix langoureuse des trucs qu'on pige sans comprendre, mais sans hésiter (Tarentula). Mais merde… l'album est déjà fini. On le remet de suite, on n'a pas tout compris, mais on est carrément séduit. Alors, hop-rebelote !
Amparo / Maria Usbeck ( Labrador)
Jean-Pierre Simard