Bob Mould entend toujours des voix
Au petit jeu de la mélodie dans le bruit, Husker Dü a fait plus fort et mieux avant Nirvana. Qu’en reste-t-il aujourd’hui avec le dernier Bob Mould, Patch the Sky ?
On nous ressort sans cesse la martyrologie de Cobain ( cli-clic-boum !) mais on oublie, les morts font mieux vendre que les vivants, car ils n’ont rien à dire - que certains poursuivent un idiome oublié, le rock du bruit, un peu harcdore, un peu bruitiste, et Bob Mould en est une des figures. Gay, atypique, intelligent, pas trop ramenard… Patch the Sky ?
L’idée de poursuivre en revenant au punk fastoche où tout est plié en deux minutes chrono, l’a un temps séduit, mais finalement non. Il est parti ailleurs, s’est enfermé six mois pour se vider lat tête de toues les trucs qui l’occupaient- de tous ses fantômes, de ses potes décédés en diverses occasion et raison, de ses petits et grands démons de ses envies de quinqua aimant avant tout le bruit et le rock qui dépote en grand ( rappelons que sa dernière prestation chez Letterman était jouée tellement fort quelles combles du studio ont tremblé et que la poussière est descendue du plafond… )
Ce qu’il en dit est là : J’ai toujours visé la balance parfaite entre les mélodies assez claires et les histoires sombres. J’ai joué avec cette juxtaposition pendant des années. Cette fois-ci, j’ai choisi un autre contraste. La première partie de l’album est simple et accrocheuse. La seconde partie est plus forte, dans l’esprit et la tonalité. Opposant les forces et les biens. J’aime les deux côtés de Patch the Sky.
Et il poursuit ainsi : A la racine de ces chansons, il y a ce que j’appelle le « chemical chorus » - tu l’entends une seule fois et ton esprit picote. Le pouls s’emballe. Et ça empire – tu sais que ça recommence et que tu peux à peine supporter l’anticipation. Puis, c’est le pont déchirant qui apparaît, et tout est prêt – accro à la vie. La musique est une incroyable drogue. J’ai envie d’être votre dealer. J’ai ce dont vous avez besoin. Bref, réunissons l’amour, la mort, l’échec, la peur, le regret et tout ce que l’on traverse dans nos vies et essayons d’en faire quelque chose d’agréable. Parle avec moi de choses triviales, pose-moi des questions débiles, et je te donnerai des réponses décalées parce que je suis vieux. Les jeunes penseront que je suis complètement en décalage avec notre époque, j’adore ça. »
On peut ne pas adhérer à tout l’album et il a quelques faiblesses, mais pour Voices in my Head, Hold On, Lucifer and God, et surtout Black confetti et Monument, on recommande chaudement. D’Hüsker Dü en Sugar, il y avait déjà pas mal de promesses tenues. Là maintenant que Sonic Youth est mort, et que Nirvana ne reviendra pas…
Bob Mould - Patch the Sky (Merge Records/Differ-Ant)