Le chantier enchanté d'Alain Pras
A ceux qui voyagent, les sites industriels se révèlent souvent la nuit avec leurs arcs de néon. Ces cathédrales fumantes de la sidérurgie, cette pétrochimie de partout souvent indiffère. Alain Pras en suit les évolutions depuis 40 ans. La MEP lui rend hommage.
Alain Pras est un photographe qui fut longtemps entrepreneur, d’où cette passion pour le tissu industriel. Ce travail, poursuivi pendant plus de quatre décennies, est la conjonction de ces deux états et il n’a de but qu’un constat plastique. Univers de ports, d'usines, de raffineries qu'il la parcouru dans le monde entier. Ces cathédrales du XXe siècle vouées au culte du progrès, du mieux-vivre, de la modernisation, Pras les ausculte dans leur dimension graphique, trouvant en eux une esthétique évidente et pensée. Et on se demande souvent si on est face à une toile de Léger ou de Kandinsky, tant leurs couleurs et leur enchevêtrement répondent à de mystérieux codes, forcent l'admiration pour le génie humain qui les a érigés, dans le but avoué de faire progresser sociétés et façon de vivre.
Dénominateur commun de notre planète, les usines et les ports symbolisent l'universalité car, leur architecture commune, en une unité qui doit tout à l’homme qui les a construits dans une étonnante complexité dont l’ordonnancement fascine : on les regarde, on les admire, on les visite de plus en plus. Et un jour, peut-être, on pourra même les recycler…
Depuis plus de 40 ans, armé de ses boîtiers et de sa curiosité, Alain Pras a parcouru la planète pour nous interpeller et nous offrir de les contempler autrement. Leur beauté évidente et leur construction étonnent. Leurs mystères comme leur destination ne doivent pas nous échapper, au rythme de leurs soupirs ou de leur vacarme indispensables. Le but d’Alain Pras est de nous réconcilier avec leur évidente beauté que certains avant lui, des futuristes aux artistes de l’école de Düsseldorf, ont célébrée en leur temps ? Comme si après leur règne utilitariste, ici se profilait une prophétie magique d'un temps déjà dépassé, celui de la modernité en marche. Moi j'y trouve une magie certaine et souvent m'arrête, de nuit, dans des paysages industriels fantomatiques qui parlent d'ailleurs mais qui parlent vraiment.
Jean-Pierre Simard avec docs MEP
Alain Pras L’âge de Fer -> 05.06.2016
Maison Européenne de la Photographie 5/7 Rue de Fourcy - 75004 Paris.
Tarif 8 et 4,5 €
http://www.mep-fr.org/