Jazz millésimé d'Afrique du Sud en période d'apartheid
Ce groupe n'a joué que quelques semaines ensemble avant de se disperser pour essaimer ailleurs, mais il aura eu le temps d'enregistrer un album fondateur, celui du jazz multi-ethnique sud-africain en 1963 avec le Castle Lager Big Band et Chris McGregor
L'Album, The African Sound est considéré par tous comme le classique disparu du jazz sud africain paru au moment le plus tendu de l’apartheid. Composé de 17 musiciens autour de Chris McGregor, tous noir et blanc et enregistré en 1963, c’est l’expérience de jazz global la plus probante de l’époque ; consécration de quelques semaines de répétitions, quelques concerts et un seul passage en studio. Considéré depuis comme un des meilleurs et premiers disques de jazz novateur de son époque par ses arrangements avant-gardistes et son exécution par les participants, il était introuvable depuis des lustres. C’est seulement aujourd’hui qu’on peut le réentendre grâce à une ressortie bienvenue, 53 ans après sa parution.
On y retrouve des climats ellingtoniens assurés par l’écriture de Dollar Brand, des fantaisies d’orchestres réglées par Chris Mc Gregor, avant même qu’il ne fuit, créer à Londres, le Brotherhood of Breath, avec un succès continu trente ans durant. Un Chris McGregor qui, avant de s’enfuir, avait aussi créé les Blue Notes avec Mongezi Feza, Dudu Pukwana, Nikele Moyake, Johnny Dyani et Louis Mofolo. A savoir le premier groupe de free sud africain.
La composition du Castle Lager Big Band est là et elle compte pas mal de ressemblance avec les pré-cités.
Alto Saxophones – Barney Rabachane, Dudu Pukwana
Bariton Saxophone – Christopher Columbus Ngcukane
Basse – Sammy Maritz
Batterie – Early Mabusa
Piano – Chris McGregor
Tenor Saxophones – Nick Moyake, Ronnie Beer
Trombones – Bob Tizzard, Malindi Blyth Mbityana, Willie Nettie
Trompettes – Dennis Mpale, Ebbie Creswell, Mongesi Feza, Noel Jones
Duke Ellington ne s'y trompera pas qui adoubera même le pianiste, saxophoniste et compositeur Dollar Brand devenu par conversion à l'islam en 1968, Abdullah Ibrahim comme son héritier direct, allant même jusqu'à lui confier le clavier de son propre big band, tant il était convaincu qu'il fallait aider les sud africains. Ce même Dollar Brand qu sortira au fil des années 60 et 70 avec les mêmes musiciens sur Blackhawk et Enja une poignée de disques incomparables parlant autant d'Afrique que d'islam, avec un égal bonheur. Cherchez ceux en duo avec Johnny Dyani. Un petit moment d'histoire en marche.
Jazz - The African Sound/ Castle Lager Big Band with Chris McGregor ( Label Jazzman)