Helena Almeida : "Mon oeuvre est mon corps"

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Helena Almeida explore depuis la fin des années 60 les formes d’expression traditionnelles, et la peinture en particulier, suivant un désir constant de dépasser l’espace du plan pictural. Cette figure majeure de la performance et de l’art conceptuel, dès les années 1970, est considérée comme l’une des plus grandes artistes contemporaines portugaises.

Après de premières œuvres tridimensionnelles, Helena Almeida a trouvé dans la photographie un moyen d'annuler l’extériorité de la peinture en faisant coïncider sur un même support l’être et le faire : « comme si je ne cessais d’affirmer constamment : ma peinture est mon corps, mon œuvre est mon corps ». Au-delà des lectures poétiques et métaphoriques, ces œuvres sont des tentatives d’atténuation des limites des médiums, telles celles de la photographie, de la performance et de la sculpture.

Le travail d’Helena Almeida est un condensé, un acte soigneusement scénographié et hautement poétique où les corps deviennent simultanément forme sculpturale et espace, objet et sujet, signifiant et signifié. Les représentations de ces événements montrent également le contexte dans lequel l’artiste s’inscrit. Non de simples autoportraits, la représentation est bien toujours de son corps, mais c’est un corps universel et vêtu de noir qui intègre dans les clichés des éléments de son atelier. Et ce, jusqu'à ce qu'en 1969, pour la première fois, Helena Almeida se fasse photographier par son mari, l’architecte Artur Rosa, dorénavant lié à son œuvre,  en tant qu’auteur du registre photographique sous-jacent qui en devient dès lors une nouvelle caractéristique de son travail.

A l'inverse du travail à l’autoportrait et à l’auto représentation, en décors et poses élaborées , - à la Cindy Sherman –, ici, le point de départ est toujours le corps de l’artiste. À travers la photographie, Helena Almeida crée une relation entre la représentation (l’acte de peindre ou de dessiner) et la présentation (de son propre corps en tant que « support » de cet acte). « Le corps concret et physique de l’artiste sera constamment égaré, défiguré, occulté par la tache qui tantôt le prolonge, tantôt le recouvre, qui entre ou sort (vers ou depuis) l’intérieur de ce corps. »

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A la radicalité du propos s'ajoute la somptuosité du rendu ; qu'il s'agisse ou non de figurer l'art par le corps en le dépassant par épuisement du sujet ou de renouveler le propos pour faire corps avec lui. Alors, artiste en corps, artiste du sujet, artiste en dépassement de soi dans son projet, une démarche de plusieurs décennies y répond. Corpus, dirait-on. C'en est justement le titre et le propos. On vous aura prévenu…